Le MONT-VALIER, un site naturel et culturel d’exception

Un berger des Pyrénées

0Panorama général de la chaine

 

 

 

1La chaîne et le massif du Mt Valier vus depuis Soulan déc.2014

2Chaîne et massif du Mt Valier vus depuis Soulan sept.2014La chaîne et la massif du Mont Valier

 

 

Joyau des Pyrénées ariégeoises,  le mont Valier dont la réserve naturelle constitue un vaste territoire rattaché à la commune de Seix, domine l’intégralité de la vallée d’Angouls, mais aussi celles d’Estours, de Bethmale, du Ribérot et d’Orle.

3MontValier

Il culmine à 2838 m. Visible de loin, il est aisément repérable dans la chaîne à cause de sa forme trapézoïdale, relativement massive.

Par temps clair, on peut l’apercevoir depuis la plaine toulousaine.

Cadre géographique et topographique

Son nom est lié à l’histoire religieuse locale, celle de Valerius devenu plus tard Saint Valier qui fut le fondateur de l’évêché du Couserans installé à Saint Lizier. C’est ce Valerius qui aurait donné son nom à la montagne pour l’avoir, dit-on, gravie le premier, au Ve siècle. Rien de cela n’est cependant avéré. Plus vraisemblablement, cette montagne pourrait bien trouver son nom dans l’étymologie latine du mot valis désignant la vallée, parce que le Valier se trouve tout simplement à la tête d’un ensemble de cinq vallées qui prennent leur source sur ses flancs.
De fait, le Mont Valier,  que l’on aperçoit depuis les plaines de la Garonne, joue pour la région le rôle d’un véritable château d’eau.

Sur le versant français dévalent le ruisseau d’Artigues, affluent du Salat – qui prend sa source à quelques kilomètres du Mont Valier-, le ruisseau du Ribérot, affluent du Lez, lui-même affluent du Salat. La délimitation sud est la crête frontalière qui mène du Pic de Barlonguère (2802m.) au pic de Montagnol (2454m.)
Sur le versant espagnol catalan, la Noguera Pallaresa, avec, quelques kilomètres vers l’ouest, est l’une des nombreuses sources de la Garonne.

Le Mont Valier en hiver

Le Mont Valier en hiver

Les deux vallées ariégeoises – celle d’Estours et celle du Ribérot- dessinent pour nous deux des accès possibles au Mont Valier, sachant que le cheminement par Artigues et Aula constitue un parcours nettement plus sportif, plus escarpé, plus sauvage aussi que l’accès via la vallée du Ribérot, qui demeure lui, et de loin, le parcours le plus fréquenté.

Le petit glacier d’Arcouzan,situé dans un repli creux de la face Nord-est du Valier, à 2 500 mètres d’altitude, bien visible depuis Soulan mais aussi depuis Artigues est fréquenté depuis les années 1900 par les alpinistes, même s’il reste d’un accès périlleux.

Sur le glacier en 1900

Sur le glacier en 1900

Ce glacier fonde l’une des singularités du Valier car il est à la fois le plus oriental mais aussi le plus bas des glaciers de toute la chaîne des Pyrénées.

La première note relative au glacier du Mont Valier semble bien être celle de Pierre Dardenne (1768-1857), professeur à l’Ecole Centrale de l’Ariège, dans son ouvrage L’Ariège au temps de Napoléon. Lors de ses voyages en 1802 dans la vallée du Riberot et au Mont Valier, il mentionne :
« On assure qu’à la base de cette montagne vers le Nord, il y a un glacier dont je me propose de vérifier l’existence et les phénomènes. Au reste, on trouve sur plusieurs points de cette masse calcaire, des neiges éternelles »
On ne sait pas si P. Dardenne s’est rendu au glacier comme il l’envisageait, mais la visite de J-P. Pagès (1784-1866) en 1808 fournit des indications détaillées.
Natif de Seix, ce parlementaire français rédigea un mémoire sur la description du Mont Valier. Son texte constitue sans doute le récit de la première visite du glacier :
« Pour parvenir au glacier du Valier, il faut avoir abdiqué toute crainte de la mort. Je m’engageai imprudemment et bientôt la force et le courage m’abandonnèrent, un des guides refusa de nous suivre, l’autre chasseur au chamois monta avec intrépidité. Un berger l’accompagnait. Celui-ci étonné de ma lassitude et de ma frayeur me plaça sur ces épaules et m’emporta fièrement. […]
Le glacier s’offrit enfin.
La surface du glacier offre de grandes scissures de 15 ou 20 mètres de profondeur. La couleur du glacier est bleue à la base, blanc terne vers le milieu et d’un blanc éclatant à la surface. Une des branches du glacier forme une voûte imposante de 30 mètres carrés, c’est dans cette salle de glace qu’est le berceau du Salach.
»

Caractéristiques géographiques et physiques du glacier du Mont Valier (2012) :

Sommet dominant : Mont Valier (2838m)
Surface : 2 hectares
Commune : Seix (09140)
Altitudes extrêmes : 2320m / 2520m
Coordonnées géographiques : Longueur : 370m 42°47’55 » lat. N / 1°05’20 » long. E
Exposition : Est
Roche : Calcaire / Schiste
Type : glacier de suraccumulation
Bassin versant : Salat
Catégorie : glacier véritable

 Au sommet du Valier est fichée une croix !

u sommet du Valier ds les années 1900

Au sommet du Mont Valier dans les années 1900

En 1672, Bernard de Marmiesse, évêque du Couserans, gravit en procession les flancs du Valier et va faire ériger, au sommet du Valier une croix de marbre en remplacement d’une croix qui l’a précédée.
Symbole religieux par excellence, les croix fichées ainsi aux sommets des montagnes attestent le plus souvent d’une ferveur religieuse passée ; sans doute est-ce pour cette raison même qu’elles sont très régulièrement mises à mal par des esprits non religieux qui voient dans ce symbole, fiché au sommet de la montagne, un signe d’appropriation exclusif du lieu par les religieux… La croix initiale fut ainsi détruite puis remplacée en 1987 par une lourde croix de marbre, matériau emblématique de la région. Scellée à l’initiative de Simone Henry et de la société des amis de Saint-Lizier en remplacement de l’autre, elle sera elle aussi descellée et détruite en 2011, après avoir été basculée dans le vide.

Le sommet du Mont Valier

Le sommet du Mont Valier

Cette croix de marbre sera donc une nouvelle fois remplacée en 2012.

Inauguration de la nouvelle croix du Mont Valier en 2012

Inauguration de la nouvelle croix du Mont Valier en 2012

Christine Tequi, maire de Seix, férue de montagne, n’hésitera pas, pour l’occasion, comme on peut le constater, à braver le mauvais temps !  (article de la Dépêche).
Au sommet du Valier une seconde croix en fer forgé, bien plus légère, est, elle aussi, fichée dans la pierre.
Si ces croix témoignent d’un attachement religieux commun à de nombreuses zones de montagne, cet esprit religieux souvent teinté de mysticisme donne naissance à de nombreux contes qui confèrent au Mont Valier une dimension légendaire.
Nul randonneur ne peut par exemple ignorer que, du côté d’Estours, les Oueillos anticos (ouailles antiques ou brebis antiques), ces drôles de gros rochers blanchâtres, de forme arrondie que l’on aperçoit au Nord Ouest du Valier, figurent tout ce qu’il reste du berger Mount Ner, qui, pour avoir refusé de rendre grâce à Dieu, fut foudroyé sur place avec son troupeau de brebis !
Ainsi christianisme et paganisme s’entremêlent-ils dans la légende, embellissant un peu plus le Valier d’un éclat culturel.

Un rôle historique avéré

Les ports du massif du Valier furent une porte pour les réfugiés et autres voyageurs clandestins, lors des guerres civiles espagnoles – carliste puis franquiste -, mais aussi et surtout un lieu de passage de l’Ariège vers l’Espagne, lors de la seconde guerre mondiale.

 L’exil républicain espagnol

Un an avant la  Retirada , entre avril et novembre 1938, un flot continu de républicains espagnols fuient les troupes franquistes par le port de Salau. Au plus fort de l’exil, entre le 7 et le 10 avril 1938, plus de 500 réfugiés seront arrêtés par les gendarmes, puis envoyés par train dans les centres d’hébergements de Rodez et Clermont-Ferrand.

 

La Seconde guerre mondiale

Pendant la seconde guerre mondiale une route d’évasion allant de Saint Girons à Esterri de Aneu, en Catalogne, traverse le massif du mont Valier. Ce « Chemin de la Liberté » – nom donné en 1994 au sentier de grande randonnée qui suit son tracé -, a permis l’évasion de 782 personnes entre 1940 et 1944 et restera opérationnel, malgré la surveillance accrue des Allemands à partir de 1943 et ce, malgré les dénonciations des collaborateurs avec l’ennemi d’alors.
Ce chemin sera emprunté jusqu’à la fin de la guerre.
Paul Broué, Albert Dougnac, Jean Souque et le fils du député Camel – celui-là même qui avait refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain-, tous réfractaires au STO, l’emprunteront pour passer en Espagne via le Col de la Pale de la Clauère (2522m.)…
Chaque année l’association des Chemins de la Liberté refait le parcours de ce chemin d’évasion, marquant des pauses empreintes de solennité en mémoire de passeurs qui, tel Aimé Rieu, ont payé de leur vie leur courage.

28aAu refuge des Estagnous, chemins de la liberte 2001Halte bienfaitrice au refuge des Estagnous lors de la sortie annuelle des Chemins de La Liberté en 2002 !
Cette année là, la pluie et la neige furent de mise durant toute la montée …
De gauche à droite : Gautier, Noëlle, Christian, Marie Broué, Brigitte Gaston-Lagorre, Paul Broué ; à l’arrière plan : Pierre Marot

 La dimension historique acquise par le massif du Mont Valier contribue à valoriser un peu plus encore cette montagne emblématique de l’Ariège. Le Musée des Chemins de la Liberté. Saint-GironsLe Musée des Chemins de la Liberté installé dans l’ancienne gare de chemin-de-fer de Saint-Girons.

La vallée de Bethmale

La vallée de Bethmale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Excursion au Mont Valier en 1885, témoignage de l’abbé Cau-Durban

Trop long à communiquer par écrit, nous vous proposons l’écoute d’un récit d’expédition au Mont-Valier, relaté par l’abbé Cau-Durban en 1885 et publié sous le titre Excursion au Mont-Valier par la Vallée de Bethmale,  édité à Foix, en 1886.*
Accompagné par quelques scientifiques, l’abbé nous conte avec précision cette expédition dont les buts avoués sont la collecte de quelques données d’ordre scientifique et sociologique.
Ce récit nous permet de suivre pas à pas l’ascension du petit groupe vers le sommet du Valier puis la redescente vers la vallée.
L’excursion durera 3 jours pleins : les 3, 4 et 5 août 1885.

Vue générale de la chaîne

Vue générale de la chaîne

 Panorama de la chaîne : à gauche le lac de Bethmale, première étape de l’excursion au soir du 3 août 1885

3 août 1885, le premier jour : départ vers le Mont Valier (son)

 

Le rocher de Balam

Le rocher de Balam

 « Nous voilà partis.La caravane était composée de deux guides, d’un âne, j’énumère par rang d’ordre,Le rang est un hasard et non pas un mérite,
D’un géologue, d’un archéologue, d’un photographe, d’un botaniste et moi, qui, n’ayant pas de qualité, m’arroge celle d’historiographe de l’excursion.
En avant pour le Mont-Valier !…
Nous partions, le cœur plein d’ardeur, et l’imagination impatiente chevauchait à travers les pics et les vallées avec une légéreté qu’elle perdra au fur et à mesure que la fatigue appesantira nos sens… »

Excursion au Mont-Valier par la vallée de Bethmale, abbé Cau-Durban, Foix, 1886.

« A Arrien, premier village de la vallée, nous reçûmes le plus cordial accueil du sympathique curé qui voulut bien se joindre à nous avec un autre guide. Leur expérience des montagnes et leur obligeant dévouement nous furent d’un précieux secours durant toute l’excursion… » (op.cit.)

« Nous traversâmes, gais compagnons, heureux de notre recrue, le village d’Aret, où nous remarquâmes l’ancienne maison de chasse des barons de Bethmale, et, sur un mamelon du versant opposé, les ruines du vieux donjon de Bramevaque, environné d’une triple enceinte de remparts, et, nous voilà à Samourtein et à Ayet, dernier village de la vallée… » (op.cit.)

Les ruines du château de Bramevaque aperçues par l'abbé Cau-Durban

Les ruines du château de Bramevaque aperçues par l’abbé Cau-Durban

 

 Le village d’Ayet en Bethmale

Le lac de Bethmale et la maison forestière

« La truite de ce lac a une renommée de fraîcheur et de saveur fort appréciées des gourmets. Heureuse la fourchette qui rencontre la chair ferme, rose et saumonée d’un de ces gros poissons que le lac donne dans une de ces pêches d’été, favorisées d’un demi-clair de lune tempéré de légers nuages. Car, il y a un art pour pêcher la truite avec succès, mais, je ne veux pas le livrer au public par une de ces coupables indiscrétions que ne me pardonnerait pas cette classe de pacifiques citoyens qui trompent les ennuis de la vie par un art honnête que j’estime sans le cultiver : la pêche à la ligne. » (op.cit)

« Ce lac, dont la berge est marécageuse et son étendue assez restreinte, n’a de remarquable que sa truite et l’amphithéâtre majestueux qui l’environne. Une légende poétique, que je connais à peine d’hier, lui donne cependant un attrait dont je ne voudrais pas le dépouiller… »(op.cit.)
4 août 1885, le second jour (son)

« Par des larges lacets que les forestiers viennent de tracer, nous montons lentement la belle forêt de Cadus dont les hêtres magnifiques semblent aller d’une venue jusqu’aux étoiles. Les botanistes herborisèrent et firent ample provisions de magnifiques cryptogames, de rhododendrons, framboisiers, roses alpestres, arnica, myrtille, etc… tandis que ceux qui s’attachaient aux observations géologiques constataient que nous quittions les terrains granitiques pour entrer dans l’archéen qui disparaîtra bientôt pour reparaître sur les flancs du Valier. » (op.cit.)

« Nous dûmes avoir recours à un pâtre qui voulut bien nous accompagner jusqu’au laquet d’Eychellé. Nous nous engageons dans une gorge étroite, semée d’éboulis de calschistes, et, à quelques pas du lac, sur les bords d’une abondante fontaine (1900m.) nous nous arrêtons pour déjeuner. Il était 11 heures.
Notre frugal repas terminé, nous nous remettons en marche, et nous arrivons, à 1h. après-midi, aux cabanes d’Eychellé. » (op.cit.)

Tuc de Quer Ner et Tuc d'Eychelle vu depuis le Tuc de la Messe 2446m

Tuc de Quer Ner et Tuc d’Eychelle vu depuis le Tuc de la Messe 2446m

« Le Quer-Ner projette, au S-O, sa masse pyramidale qui nous annonce que nous sommes maintenant dans la région des grands rochers. » (op.cit.)

Le Tuc de la Messe 2446m.avec, à l'arrière plan, le Mt Valier

Le Tuc de la Messe 2446m.avec, à l’arrière plan, le Mt Valier

 

 

 

 

 

 

 

 

« A 2 heures, nous franchissons le petit col tâché encore de quelques plaques de neige qui ne semblent disparaître qu’à regret, malgré les chaleurs de l’été et nous descendons par un défilé rocheux vers les cabanes de Lespugue.
En arrivant, nous avons le plaisir de serrer la main au Majourau, un beau et sympathique vieillard qui nous offre l’hospitalité de sa cabane. » (op. cit.)

 

Le sommet  du Mont Valier

Le sommet du Mont Valier

«  Le voilà ! Le voilà ! C’était le dôme massif et majestueux du mont-Valier qui émergeait du sein des nuages comme pour nous souhaiter la bienvenue ». (op. cit.)

 « Notre vue, qui par un jour serein aurait dû embrasser toute la chaîne du Vaillerat au Maubermé, et, contournant au
couchant, suivre les crêtes divisionnaires du Biros et de la Bellongue, était cernée par les flancs des Lauzets obscurcis par un orage qui se déchaînait dans la partie supérieure du Riverot. Nous hésitâmes à aller plus loin
. » (op.cit.)

« Un regain d’énergie nous enleva et nous reprîmes nos sacs. En un clin d’œil nous descendîmes le ravin de Lespugue, nous franchîmes le torrent qui sort des étangs et nous attaquâmes l’ascension des Louzets ; ascension pénible à travers les rochers, les genévriers, les églantiers, sans d’autre chemin que celui que l’instinct nous faisait prendre par d’épais buissons chargés d’eau. » (op.cit.)

Orienté Nord-Nord-est le « Désert des Lauzets » est un terrain aride constitué de dalles granitiques dans sa partie supérieure pouvant s’avérer délicates sur sol humide. Dans le sens de la descente, il est en pente raide peu avant d’atteindre l’étang de Milouga.
5 août 1885, le troisième jour d’excursion et le retour dans la vallée (son)

« A huit heures, nous étions sur le sommet du Mont Valier, ni moins heureux ni moins fiers que le premier consul sur le sommet des Alpes ! »… (op.cit.)

 La fierté des excursionnistes après l’atteinte du sommet

 Vision depuis le sommet
« Pour l’amour de votre âme, arrachez-vous, un jour, aux soucis énervants des affaires, au tumulte d’une vie factice et surmenée, et allez, une heure seulement, habiter une de ces solitudes aériennes où nul bruit d’en-bas ne trouve son écho. Là vous sentirez dans un frisson divin le réveil de vos nobles facultés atrophiées par l’atmosphère malsaine des cités. » (op.cit)

« L’étang Long, a été le théâtre d’un singulier événement dont le héros lui-même, encore plein de vie, m’a fait le récit.
C’était dans les premiers jours du mois d’août 1840, un pâtre du village d’Orjout, Bernard DUPLA, qui gardait son troupeau dans ces lieux déserts, remarque quelques brebis imprudentes qui se sont trop avancées sur un banc de glace adhérant d’un côté seulement aux rochers de la rive… » (op.cit.)

« Je renonce à décrire le saisissement étrange qui s’empara de mon esprit à la vue du spectacle prestigieux dont je fus le témoin.
Mon étonnement était surtout produit par le contraste singulier de deux scènes grandioses qui s’ouvraient sur les deux versants du pic.
Au Nord, un voile immense de nuages couvrant les vallées et les plaines se confondait, au loin, avec les dernières lignes d’un horizon vaporeux. Immense mer floconneuse dont les vastes ondes envahissent les villes et les peuples dans un calme lugubre. Pas un écho du bruit de l’homme qui s’agite dans le réveil du matin, pas un hurlement de fauve, un chant d’oiseau ou de torrent, ni un cri de pâtre…..rien, rien n’arrivait jusqu’à nous, qu’un silence solennel, comme si un froid suaire avait été jeté sur la nature blessée à mort. » (op.cit)

Plateau de la Loze

Plateau de la Loze

 

 

La cascade de Nerech

La cascade de Nerech

Les grandes dalles de schiste  luisent au soleil

La réserve du Mont-Valier, une réserve faunistique et floristique exceptionnelle

Par arrêté ministériel du 05 juillet 2005, cette réserve naturelle constitue un vaste territoire situé sur la commune de Seix, comprenant la réserve domaniale du Mont-Valier – créée en 1937 -c’est l’une des plus anciennes des Pyrénées -, ainsi que la quasi-totalité du territoire domanial du massif de Fonta qui a été classé « zone de protection spéciale » en tant que site du réseau Natura 2000.
Le Mont Valier, c’est avant tout  une réserve domaniale de chasse et de faune sauvage.
Elle représente une superficie de 9037 ha.
Ce vaste espace protégé a gardé un aspect sauvage.
L’ONF, acteur local majeur, a toujours eu des objectifs précis dont font partie la protection et la gestion du milieu montagnard, l’étude de la faune et de la flore, la formation dans le domaine de l’environnement et le souci de préserver certaines espèces.
Parmi celles-ci, le gypaète barbu, l’aigle royal, le vautour fauve, le faucon pèlerin, le grand tétras, le lagopède, font l’objet d’un contrôle permanent.
La réserve compte aussi une population importante de mammifères …

Les passereaux de montagne tels le pipit spioncelle, le traquet motteux, le rouge-queue ou l’accenteur alpin peuvent y être observés et, plus rarement toutefois, la niverolle, le merle à plastron, le merle de roche ou encore le tichodrome.

Isards, marmottes –réintroduites de 1960 à 1970-, y sont abondants, et régulièrement observés.

Récemment des bouquetins ont été réintroduits non loin du cirque de Cagateille.

L’isard , rupicapra pyrenaïca ou chèvre des rochers pyrénéenne est considéré comme une espèce à part entière depuis 1985. Il se distingue du chamois alpin par son poids plus faible et par la couleur de son poil, bien plus roux. Parfaitement adapté aux conditions difficiles de vie dans la montagne, ses ongles caoutchouteux à bords durs lui assurent une bonne adhérence sur la roche comme sur la glace.

L’ours, animal emblématique s’il en est, mais aussi sujet provoquant de vives passions, fait l’objet de ponctuelles opérations de « réintroduction ».

Ours brun des Pyrénées, ursus arctos

Ours brun des Pyrénées, ursus arctos

Les amoureux des plantes trouvent également dans la Réserve de quoi s’émerveiller : lys,  orchis, chardon bleu, génépi, réglisse, arnica, orchidées, sans oublier l’edelweiss et toutes les espèces de fleurs alpines -dont évidemment les gentianes-, poussent dans la réserve. La diversité floristique est donc bien représentative des Pyrénées centrales.

 

 

Chardon soleil

Chardon soleil

Lieu de conflit politique, la traversée de la Réserve par la route pour ouvrir un éventuel passage vers l’Espagne a opposé régulièrement la municipalité de Seix à l’ONF, la réserve pour l’heure demeure non pas un sanctuaire mais bel et bien un lieu de vie qui fait la part belle à la biodiversité et à tous les amoureux de la nature qiui la fréquentent. Le pastoralisme y est encore très actif. Il reste une composante essentielle des montagnes, permettant de maintenir en bon état les pâturages et de conserver la beauté des paysages.

La somptuosité du paysage et les richesses du massif du Valier ne sauraient toutefois en faire oublier les dangers

Rhododendron sauvage

Rhododendron sauvage

Le rhododendron, rhododendron ferrugineum, très commun dans le massif du Mont Valier en particulier sur les flancs du pic de Fonta, appartient à la famille des Ericacées. Son nom vulgaire est le laurier rose des Alpes car, en grec il désigne cet abuste (de Rhos, rhodos = rose, et dendron = arbre). C’est une plante toxique narcotique. La pharmacologie d’autrefois le prescrivait en infusion…L’odeur des feuilles et des fleurs est proche de celle de l’encens, elle provient d’un baume secrété par les poils de la feuille que l’on peut observer à la loupe sur leur revers. D’abord jaunes, ils se rouillent et se colorent comme l’oxyde de fer d’où l’appellation de rhododendron ferrugineum.

L’accès au Valier

126Si le Valier offre aux randonneurs plusieurs possibilités d’accès, le plus fréquenté reste celui qui, dans la vallée de Castillon, permet de rejoindre par le Pla de la Lau le village d’Ayer conduisant le randonneur vers le refuge des Estagnous à quelques 2240m d’altitude.

Accès par la vallée du Riberot Estagnous Mt Valier.

Accès par la vallée du Riberot Estagnous Mt Valier.

 

 

 

 

 

 

Construit en 1909 par le Touring club de France, il permet depuis cette époque d’envisager l’ascension du Valier en deux temps.

Le Refuge des Estagnous sous le pic de Tremouls

Le Refuge des Estagnous sous le pic de Tremouls

 Rappelons qu’en patois estagnous signifie petits étangs

Les faces Nord et Est du Valier restent quant à elles réservées aux alpinistes amoureux de verticalité, parceque toujours empreintes d’un réel danger.
De grandes dalles de schiste, roche sédimentaire dont la texture feuilletée peut s’avérer particulièrement dangereuse, constituent en effet l’essentiel de ces parois rocheuses.

Mont Valier. Escalade sur les parois du Mt Valier

Mont Valier. Escalade sur les parois du Mont Valier

Depuis le sommet, lorsque le ciel est dégagé, on découvre un panorama d’exception.

Au nord : Pic de Pomebrunet et Pic de Quer Ner
Au nord-nord-est, la ville de Saint-Girons
A l’est : le pic de Saint Barthélemy et le pic des Trois Seigneurs
Au sud-est, le Certascans et la Pique d’Estats
Au sud-sud-est, le Mont-Roig
Plein sud, le Petit Valier et le pic de la Clauère
Au sud-sud-ouest, le pic de Péguère
Plus loin, Au sud-ouest, l’Aneto et la Punta Alta
A l’ouest-sud-ouest, le pic desTrois Comtes ;
A l’ouest, le pic de Barlonguère, le Mail de Bulard, et le Maubermé
A l’ouest-nord-ouest, le pic de la Calabasse
Au nord-ouest, le pic de Carmil.


… Sans oublier, en contrebas, les superbes lacs de montagne :


Vers le nord-est, les étangs de Milouga, d’Arrauech, et de Cruzous
Vers l’ouest, les étangs Long et Rond.

Depuis le col de Faustin, l'étang rond et derrière le long sous le pic des 3 comtes

Depuis le col de Faustin, l’étang rond et derrière le long sous le pic des 3 comtes

Tout en bas, courant vers le Nord-Est, un tracé donne le vertige, celui de l’Arête des Antiques, une dorsale reliant le Pic de Pomebrunet et le Mont Valier.

La crête des Antiques

La crête des Antiques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est là qu’ une via ferrata reliant les Estagnous à l’étang Long a été aménagée.
L’ivresse des sommets ne saurait pourtant faire taire les dangers de la montagne

Vue plongeante depuis le Col  de Faustin

Vue plongeante depuis le Col de Faustin

Un danger bien réel

Tout le monde à Seix se souvient de la terrible tragédie qui coûta la vie au guide Daniel TOURTE et à ses compagnons Robert CAZAUX et Henri LACASSAGNE qui, le 15 septembre 1957, dévissent sur une plaque de schiste gelée, sur la face est du Valier, un an tout juste après avoir vaincu la face Nord.
Tous trois meurent engloutis dans  le terrifiant Trou Noir.

Plaque commémorative Cabane d'Aula

Plaque commémorative Cabane d’Aula

 

Certains seixois, aujourd’hui encore, se souviennent du ballet des hélicoptères lancés à la recherche des corps, du son lugubre du tocsin qui retentit ce jour là dans Seix à l’annonce de la tragédie et cette foule qui s’amassât lentement, dans un silence pesant, sur la place centrale du village, au pied de la mairie et de l’église, à l’annonce de la terrible nouvelle.

Descente par le col de Faustin

Descente par le col de Faustin. 2652m.

 

Dans la vallée d’Estours, au-dessus d’Artigues, la cabane d’Aula porta le nom de Daniel Tourte en mémoire de la tragédie qui se déroula en 1957 . Daniel Tourte y était premier de cordée. Cette cabane d’Aula a depuis été reconstruite et transformée en refuge.

 Reconstruction de la cabane d’Aula. 2014

René Desmaison, célèbre alpiniste, connu pour son intrépidité renoncera quelque temps plus tard à gravir cette même face Est. La première ascension de cette face Est sera en fait réussie par Louis Audoubert, Marc Galy, Alain Blassier et Monique Rouch les 29 et 30 Septembre 1971. L’escalade de cette voie s’est déroulée sur la partie droite de la face qui alterne entre herbe et rocher.
En plein mois d’août 1995, après moult recherches rendues difficiles à cause du mauvais temps dans le massif –brouillard et vent violent-, le corps de Daniel Brun sera retrouvé au pied d’une barre rocheuse, non loin de l’étang rond et de la cabane des Caoussis, à seulement une heure du refuge des Estagnous où le montagnard toulousain, pourtant aguerri, avait passé la nuit.

Cabane des Caussis

Cabane des Caussis

Une nouvelle catastrophe aura lieu en janvier 2008, quand deux des quatre alpinistes qui tentaient l’ascension du Valier feront eux aussi, malgré leur expérience, une chute mortelle :
« Après une nuit passée dans le dortoir hivernal du refuge, ils ont chaussé leurs skis de randonnée et attaqué le final d’une des courses de montagne les plus réputées du massif-pyrénéen. À mi-parcours, la pente, de plus en plus abrupte et gelée, les a contraints à échanger leurs « planches » pour des chaussures à crampons. À quelques mètres du sommet, un des membres du groupe a dévissé sur plusieurs centaines de mètres. Il a entraîné dans sa chute mortelle son compagnon le plus proche, qui le suivait dans ses traces… »
La voie est parcourue intégralement pour la première fois et rééquipée les 15 et 16 Octobre 2011 par Pierre et Jean Noyès.
La prudence est donc toujours de mise pour qui veut découvrir le Mont Valier et sa réserve.
L’équipement, l’assurance météorologique d’un temps clair, l’accompagnement par un guide si besoin est, sont des facteurs déterminants pour profiter pleinement de la magnificence des paysages que nous offrent le Mont-Valier et sa réserve.
Depuis le Ve siècle, le Mont Valier et sa réserve domaniale constituent en effet un lieu d’enchantement permanent et un trésor patrimonial d’ordre naturel et culturel.
Porteur de légendes antiques, au fil des jours et des saisons, le Mont Valier change d’aspect conviant le randonneur curieux, le passionné d’alpinisme, le poète ou le peintre à découvrir les richesses qui sont les siennes et dont il semble tout à fait impossible de pouvoir un jour se lasser!

Pour en savoir plus :

Carte IGN TOP 25 2048 OT au 1/25000 Aulus-les-Bains/Mont Valier

Excursion au Mont Valier, abbé CAU DURBAN, Veuve Pomiès typographie, Foix, 1886.
L’intégralité du texte est lu dans cet article par Brigitte GASTON-LAGORRE et pour le patois occitan par Marie-Rose ANDREU.

Et quelques adresses :

www.onf.fr/retrouvance/sommaire/sejours/valier/@@index.html

L’ONF propose un circuit dans la Réserve domaniale avec ascension du Valier

Circuit Retrouvance

Circuit Retrouvance

                                                                                                                                 www.montagnes-du-couserans.fr

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www.randonnee-en-ariege.org

158Mt Valier Soulan s ept.2014