La légende du Salat
Selon la légende, le Salat serait né des larmes d’une princesse espagnole, Carméla de Bazano.
Désespérée suite à un chagrin d’amour, Carmela a fui son pays et franchi les Pyrénées par le Port de Salau. La voyant ainsi, en terre inhospitalière, totalement épuisée et morte de chagrin, après que neuf larmes aient coulé sur les joues de la princesse, une fée consolatrice intervient et lui murmure alors cette prédiction :
« Tes pleurs seront les sources d’une rivière de cristal où se baigneront des muscles de fer » et, selon la légende, au réveil de Carmela, … « un écrin d’émeraude l’entourait. Des souffles de fraîcheur la caressaient. Herbes grasses, fougères luxuriantes, chênes gigantesques…neuf sources joyeuses berçaient de leurs ondes neuf edelweiss de velours blanc ».
… Les temps sont passés et les neuf sources, mères du Salat qui traverse le Couserans, jaillissent toujours proches d’un chêne vénérable …
… en chemin, le ruisseau du Salat reçoit l’hommage des cascades, longe le cloître des Chevaliers de Malte, le village de Salau bâti sous la protection du monastère et de son campanile…
Une profusion de pics neigeux, sentinelles immuables de la rivière féerique, surveille sa course bondissante….Plus loin, le Mont Valier, sommé d’une croix de pierre et d’une croix de fer, monte la garde du haut de ses 2839 mètres, tandis que le Pic de Fonta fait ruisseler vers le torrent de longues cascatelles… »
« Petite princesse d’Espagne, blessée d’amour dans sa tourelle…doigts fleuris d’edelweiss, de vos larmes salées naquirent neuf fontaines ».
Cette légende nous est joliment contée par Louis Henry Destel dans son ouvrage Les Légendes du Couserans, publié en 1960.
Au fil du Salat : neuf sources jaillissantes dans un paysage enchanté, celui du Haut Couserans
Véritable épine dorsale du Couserans, le Salat traverse l’Ariège du sud-est vers le nord-ouest. Il prend sa source dans le Massif du Mont Valier, « Seigneur du Couserans », sur le flanc nord du Mont Rouch (2858m) et tient vraisemblablement son nom de sa salinité même. C’est vers lui que convergent les rivières des dix huit vallées du Couserans.
Né de neuf sources qui jaillissent en amont de Salau – commune de Couflens -, après avoir traversé la vallée d’Angouls et ses paysages somptueux, le Salat grossi de son affluent, l’Angouls, franchit le massif de l’Arize, parcourt les gorges de Ribaouto.
A 3 km de Seix, le Salat reçoit en rive droite les eaux de l’Alet, long de 20 km qui dévale les pentes du Mont Valier, puis les eaux de l’Estours qui prend sa source non loin de la frontière espagnole. Une usine hydroélectrique est au hameau d’Estours.
Les pentes de la vallée de l’Estours sont presqu’ entièrement boisées (forêt de Seix). Le cours de l’Estours s’inscrit tout entier sur le territoire d’une seule commune du département de l’Ariège : Seix.
L’Estours est une rivière fort irrégulière, à l’instar de tous les cours d’eau pyrénéens de haute montagne. La rivière présente des fluctuations saisonnières de débit caractéristiques, liées à son régime essentiellement nival.
Le Salat arrive enfin à Seix non sans laisser derrière lui, juste à l’entrée du village, deux lieux mythiques pour tout enfant du pays : le grand et le petit Ra-ourès, deux petits gouffres qui servaient déjà autrefois et servent encore aujourd’hui de piscines naturelles l’été, quand la chaleur se fait lourde et que les taons attaquent.
Le Salat est ici le lieu privilégié de sports d’eaux vives tels que le kayak ou le raft. Des épreuves de championnat de France de kayak se sont déroulées à Seix en 2009.
Le débit journalier maximal enregistré à Seix a été de 21,3 m³ par seconde le 2 février 1922.
Dans les eaux du Salat, au cœur du village de Seix, cohabitent truites et canards
A Seix, le Salat et l’Esbints ont une importance primordiale. C’est sur leurs berges que se sont développés les jardins …
…mais c’est aussi à cause d’eux que bon nombre de ponts et passerelles (parfois emportés par les crues) furent construits, détruits, reconstruits montrant par là la volonté de communication entre les hommes.
Après être passé à Seix, le Salat se grossira des eaux du Garbet long de 25 km provenant de l’étang du même nom situé sur le flanc nord du Pic Rouge de Bassiès.
Sur la commune de Soulan, le Salat recevra à Kerkabanac les eaux de l’Arac (25km de long) venues tout droit du Pic des Trois Seigneurs avant de traverser, quelque peu apaisé, le village de Lacourt.
A Saint-Girons, le Salat reçoit les eaux du Lez (36 km de long) en provenance du Pic de Maubermé puis il traverse Saint-Lizier gonflé des eaux du Baup, après être passé par Prat Bonrepaux où il reçoit le Gouarège puis passe par Salies.
Il se jette finalement dans la Garonne à Roquefort-sur-Garonne.
Le Salat aura parcouru au total environ 75 km.
Le Salat, une rivière montagnarde qui se déchaîne parfois
Comme tous les cours d’eau issus des régions pyrénéennes, le Salat est une rivière fort abondante. Dans sa partie initiale et jusqu’à Seix, le Salat s’apparente parfois à un véritable torrent dont les crues ont causé de terribles dégâts au cours de l’histoire.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, en 1772 exactement, alors que le village de Seix est alors, selon les archives, « le seul qui entretient le commerce de France en Espagne de ce côté-ci et sans lequel aucune voiture ne peut passer d’un royaume à l’autre », le pont central est emporté par la crue dévastatrice du Salat.
Le hameau de Salau, le dernier dans la haute vallée du Salat, a payé cher les crues successives du Salat : Salau est reconnu d’ailleurs comme l’un des grands « sites catastrophiques » de l’Ariège.
Un important éboulement en 1801 va créer un verrou en fermant tout passage au Salat déchaîné et occasionner ainsi une subite crue qui entraîne la mort de 29 personnes dans leur sommeil.
C’est ensuite l’inondation de 1905, suivie de celle du 22 octobre 1907 dont on évoque «les ravages immenses».
Une crue en 1929 emporte la route sur une longueur de 200 mètres ; une nouvelle inondation à l’automne 1937 fait de gros dégâts – le cimetière est emporté dans les flots tumultueux du Salat, 23 maisons sont entièrement détruites, c’est-à-dire environ 1/5e du village ! – et au moins une victime est à déplorer.
La plus récente inondation du Salat date du 6 novembre 1982 :une pluie diluvienne s’abat sur le pays pendant plusieurs heures, à partir de 16 heures, les eaux du Cougnets, un affluent qui dévale du cirque d’Anglade, grossissent rapidement celles du Salat. Des cascades débordent sur la route, des chalets sont emportés, le terrain s’affaisse… À la tombée de la nuit, les flots s’accumulent contre le pont qui traverse le torrent à hauteur de l’église. La pile du pont s’incline et finit par obstruer le lit du torrent, dont les eaux sont alors déviées vers l’église : le chœur et la nef vont s’effondrer durant la nuit et la moitié du cimetière, situé à quelques mètres de là, va être emportée en même temps que le préau de l’école dans les eaux en furie. Le jour révèle un vrai désastre, la moitié du village a été dévastée. Un peu plus bas, les flots du Salat en fureur ont également emporté la passerelle de Seix.
Pendant de nombreux jours, l’entrée et la sortie au village étant inaccessibles ,les habitants de Couflens et de Salau sont ravitaillés par des hélicoptères. Salau était à cette époque habité par une population nombreuse : des logements HLM avaient été construits pour abriter les ouvriers de la mine de tungstène toute proche.
Le lendemain du désastre, la décrue du Salat est amorcée : les habitants du petit village se mobilisent.
«En bons montagnards, il y a une vraie solidarité qui nous unit dans l’adversité», explique alors Henry Richl, le maire du village.
Dès le printemps 1983, l’association pour la reconstruction de l’église de Salau, est constituée sous l’impulsion de Geneviève Durand-Sendrail afin de lever des fonds qui permettront de reconstruire l’église en partie emportée par le torrent de montagne en crue.
«Nous avons collecté 850 000 francs de l’époque, se souvient le premier magistrat, des anonymes, des entreprises…
La nef et le chevet ont été reconstruits sous la direction de l’architecte en chef des Monuments Historiques (l’église est classée), nous l’avons refaite à l’identique avec des murs de 1,30 m d’épaisseur grâce à l’intervention de l’entreprise Corréa.
L’église est rebâtie sur 28 plots à 30m de profondeur pour la préserver des inondations et des tremblements de terre » car, en novembre1982,
c’est visiblement le tourbillon provoqué par les piles de la passerelle qui fut la cause de l’affouillement qui a provoqué l’effondrement de l’église.
L’abside et la nef de l’église ont depuis été restaurées à l’identique.
Pour que de telles catastrophes ne se reproduisent plus, la Brigade verte de la Communauté de communes a réalisé, de 1999 à 2008, un chantier de restauration du Salat et de ses affluents sur son territoire. Un programme d’entretien continue d’être mené afin de ralentir les vitesses d’écoulement en berges et de favoriser l’inondation des parcelles non urbanisées.
Le débit du Salat a été observé sur une période de 95 ans (1913-2007), à Roquefort-sur-Garonne, localité située au niveau du confluent du Salat et de la Garonne. Le Salat présente des fluctuations saisonnières typiques d’un régime presque purement nival. Les hautes eaux se situent au printemps, d’avril à juin inclus et portent les débits mensuels à un niveau situé entre 58 et 76,5 m³ par seconde (avec un maximum en mai). Ces maxima sont dus à la fonte des neiges.
Dès le mois de juin, s’amorce une rapide décrue suivie des basses eaux d’été-automne qui mènent le débit moyen à son étiage du mois d’août avec une moyenne mensuelle de 19,6 m³ par seconde, ce qui reste fort élevé. Suit alors une lente remontée des débits en automne-hiver jusqu’au sommet du printemps suivant.
On comprendra donc aisément que la révolution industrielle qui prend corps au XIXe siècle ait utilisé la force de cette eau jaillissante, véritable trésor naturel.
Le Salat et ses affluents l’Estours et l’Esbints seront, au XIXe siècle et au début du XXe siècle à l’origine du développement économique de la région.
Au XIXe siècle, siècle de la révolution industrielle, la force motrice du courant du Salat va être exploitée pour développer l’activité industrielle alentour : l’industrie lainière d’abord qui traite la laine des troupeaux d’ovins qui pacagent en montagne une partie de l’année, mais aussi l’industrie papetière via l’exploitation forestière ou encore l’industrie du marbre dont nous aurons l’occasion de reparler…
A Seix, en 1836, le sieur Lauga, maire du village, crée un moulin à farine à deux meules avec une machine à purger les graines. L’année suivante, il y ajoute une mécanique à carder les laines. D’autres moulins seront construits le long du Salat.
Les blocs de marbre extraits des carrières de marbre d’Estours -marbre blanc-, sont découpés au moyen de scies hydrauliques actionnées elles aussi par la force du torrent. Le châssis, composé de lames parallèles horizontales dont le va-et-vient entraîne de l’eau, permet d’entailler puis de découper en tranches le bloc de marbre situé au-dessous. Une de ces scies est conservée sur place dans la maison du Haut-Salat à Seix ; il en existait une autre en aval du Pont de la Taule. D’énormes blocs de marbre sont encore visibles sur le chemin d’Artigues, non loin de la centrale hydraulique.
La force du courant sera exploitée après la seconde guerre mondiale dans les années 45 à 50 pour le transport du bois.
Léopold Andreu se souvient… Le bois de la forêt de Bibet, coupé à la hache en bûches d’environ un mètre, descendait alors par la force du courant depuis Artigues et dévalait la vallée d’Estours. Les membres de l’équipe bûcheronne le récupérait à hauteur du Moulin Lauga, en face de l’usine. Il fallait bien évidemment, au préalable, avoir construit un barrage : Léopold explique que chaque homme de l’équipe transportait à eux seuls deux arbres de 10-15 mètres de long et les installait en diagonale sur la rivière où on les entassait les uns sur les autres. Un pieu en fer était planté pour le bon maintien du barrage.
Il y avait là le Carrerat, les Piquemal, le père de Jojo de Lite, Léopold, bien sûr et d’autres encore qui rejoignaient ponctuellement cette équipe. Le travail était extrêmement rude, extrêmement pénible : les outils utilisés étaient surtout la hache pour la coupe du bois, le passe partout dont on faisait encore peu d’usage car il ne fallait pas abîmer la lame, la pique qui permettait de pousser et de récupérer le bois sur la berge. Le travail était si rude que Léopold se souvient qu’un jour sa mère ne put le réveiller et qu’il dormit quatre heures d’affilée pour ce qui ne devait être qu’une petite sieste !
Le record atteint par l’équipe en matière de volume de bois traité est encore gravé dans la mémoire de Léopold : 320 stères de bois qui, une fois sorti de la rivière, devait être entassé en piles le long du chemin.
Au mois de juin, on allait chercher des stères. Léopold nous conte comment le père de Jojo de Lite faisait à cette époque le transport du bois dans la charrette tirée par ses boeufs et comment il livrait ce bois de chauffage à travers Seix…
Quand le travail était terminé, en fin de saison, tous allaient se restaurer, midi et soir chez Marie de Galant, à l’hôtel Dougnac, et, selon les dires mêmes de Léopold, après un repas copieux, les hommes faisaient la bringue. Les « bourres » prenaient parfois une telle ampleur qu’ un soir de décembre, au sortir d’un bon repas, l’un d’entre eux enfourcha son vélo et partit directement…dans le canal voisin ! Heureusement une personne de passage put le rattraper rapidement et le sauver des eaux glaciales à cette époque !
Dès le XIXe siècle, l’industrie papetière était très active tout au long des berges du Salat, de Salau jusqu’à Mazères.
A Salau, jusqu’en 1922, on exploite la forêt de Bonabé, en Espagne, pour la pâte à papier : on voit sur la photo les grands bâtiments de la station d’arrivée du câble et de la râperie de bois.
Le bois qui était exploité à Salau n’a donc absolument pas connu le même traitement que celui exploité dans la vallée d’Estours : il était en effet traité sur place et, pour le bois de chauffage, descendu avec les chevaux par la route.
La force du courant continue d’être exploitée de nos jours. Plus récemment, l’Estours s’est doté d’une centrale hydro électrique active mais privatisée.
La plupart des usines ont aujourd’hui fermé leurs portes. Seule l’usine de La Moulasse à Eycheil est toujours en activité et demeure un gros employeur de l’agglomération.
Les richesses naturelles du Salat : une faune particulière
• La truite fario
Depuis toujours le parcours du Salat, est fort apprécié par les pêcheurs à la mouche.
A tel point que la pêche à la truite est à Seix et aux alentours de Seix une véritable institution.
La truite fario est un poisson de la famille des salmonidés. D’une longueur moyenne allant de 25 à 140 cm, elle possède un corps élancé, fusiforme parfaitement adapté à une nage rapide. La truite fario comme tous les salmonidés à la particularité de posséder une nageoire adipeuse (située entre la nageoire dorsale et caudale). Sa tête possède un museau pointu et une bouche possédant des petites dents.
A propos de quelques truites du Salat…
• Pêcheur : paco31
• Commentaire : une truite du Salat avec quelques points rouges sur la robe. Remarquez le liseré blanc sur les nageoires pelviennes et la robe avec une dominante jaune. Elle regarde l’eau avec envie, mais elle va bientôt repartir 🙂
• Pêcheur : Wrastaman
• Commentaire : une truite du Salat mesurant 39 cm. La robe est très différente de celle proposée par paco31. Celle-ci n’a absolument aucun point rouge. Un poisson musclé avec une robe un peu argentée.
• Pêcheur : nico_p
• Commentaire : une truite zébrée du Salat. La photo ne montre pas les zébrures qui semblent disparaître juste après la capture. En revanche dans l’eau, c’est très net.
Belle robe bronze/olive avec de grands points noirs cerclés de blanc, quelques points rouges, nageoires avec un liseré blanc.
• Pêcheur : stef09
• Commentaire : superbe poisson du Salat, robe argentée piquetée de grands points noirs parfaitement ronds.
Grande gueule, bien en chair, un poisson en pleine forme pris et relâché en pleinesaison.
Maxime Miquel, guide de pêche aveyronnais raconte :
« …Pour cette journée nuageuse je me dirige vers le Salat car je sais que par ce temps là, il y a moyen de pouvoir toucher de beaux poissons.
Je pars de Toulouse à 11 heures et j’ai les pieds dans l’eau à 12 heures. La température extérieure est de 18° et l’eau est à 9°. Un peu fraîche encore pour une baignade !
Pour les poissons c’est peut être la même chose car rien en surface, pas d’insecte. Alors je commence en nymphe pendant une demi heure : pas de résultat. Puis je commence à voir quelque olives qui commencent a dériver et le premier gobage.
Je change de bas de ligne et je commence en sèche avec une émergente d’olive en lièvre sur hameçon n°16.
Au deuxième passage la voilà qui monte et vient happer mon artificielle.
Dès le ferrage je sens que c’est un gros poisson, ça sonde, ça prend le courant, je sens de violent coup de tête. Puis vient l’incontournable chandelle, que je négocie tant bien que mal et la belle commence à se rendre. Un dernier départ au cas où le nylon serait abîmé, mais pas moyen. Elle est piquée, elle le restera jusqu’a ce que je la libère.
Le premier poisson de la journée de 47 cm, ça commence bien.
Après 5 minutes de pêche un autre gobage 10 m plus haut, et là aussi un beau poisson, je la vois monter prendre les mouches grâce à une orientation du soleil idéale. Je passe ma mouche et au premier passage elle monte prendre ma mouche. Mais, erreur de débutant, j’ai ferré trop tôt car je l’ai vue monter sur 60 cm.
Celle là je ne la reverrai plus de la journée !
Je ne vais pas m’étendre sur ma partie de pêche mais, dans l’après midi, j’ai touché 6 poissons de plus de 40 cm dont le premier de 47cm, deux poissons entre 27 et 30 cm, trois poissons décrochés de belle taille et trois loupés au ferrage.
Tout cela entre midi et 17 heures car, à partir de ce moment plus de mouche, plus de gobage, mais un pêcheur très heureux au bord de l’eau. A bientôt au bord de l’eau. » M. Miquel.
Pour protéger les salmonidés et leur permettre de remonter le courant et de se reproduire, des « passes à poissons » ont été aménagées : c’est le cas à Estours non loin de la centrale hydro électrique. C’est aussi le cas sur le Salat à hauteur des usines JOB, à Eycheil.
Aménagement d’une passe à poissons sur le côté du barrage
Rappelons qu’une « passe à poisson » se présente schématiquement sous la forme d’une sorte d’escalier constitué d’une succession de petits bassins, une échelle à poissons permet aux poissons migrateurs (anguille, alose, saumon…) effectuant leur montaison, ainsi qu’aux poissons cherchant les têtes de bassin pour se reproduire (par exemple les truites) de s’affranchir des obstacles créés par l’homme et mettant leur survie en danger.
Pour en savoir plus :
• Sur la biologie, la reproduction, l’habitat de la truite fario :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Salmo_trutta
• sur la pêche à la mouche, sur les trucs et astuces de la pêche et pour le plaisir de voir de belles photos de cette truite fario, joyau vivant du Salat, consulter cette adresse :
http://www.gobages.com
• Le desman des Pyrénées
Le desman des Pyrénées a été aperçu dans l’Esbints à Seix dans les années 80.
Ce drôle de petit animal au nez en forme de trompette est un mammifère insectivore surnommé « rat-trompette » : il se nourrit essentiellement de larves aquatiques et reste difficile à observer. Sa présence aux abords du torrent atteste de la pureté des eaux du Salat car cet animal est extrêmement sensible à toute forme de pollution.
Ce petit mammifère est le plus gros insectivore aquatique de France. Il mesure entre 24 et 29 cm de long (dont un peu plus de la moitié pour la queue) et pèse entre 50 et 80 g. On l’appelle également « rat trompette » à cause de son museau prolongé par une trompe raide, plate, flexible, d’environ 20 mm de long, dotée de vibrisses. Il habite les ruisseaux, torrents et lacs des Pyrénées et des Monts Cantabriques en Espagne à une altitude comprise entre 400 à 2 500m.
« Rien de plus discret que le Desman des Pyrénées (sa discrétion ne l’a fait découvrir qu’en 1811). Très peu de personnes ont eu l’occasion de l’observer. Il loge à quelques mètres de votre maison, il se cache près de vos pieds que vous rafraîchissez dans le torrent et vous ne le voyez pas.
La première impression est que le desman est plus aquatique que terrestre. Dès qu’il sort de son sommeil, ou de son abri, il plonge à l’eau et ne revient au sec que pour manger les gros morceaux, entretenir sa fourrure ou dormir à nouveau. C’est au fond des torrents qu’il cherche sa nourriture : les petits crustacés (Gammares), les larves aquatiques d’insectes. La deuxième impression, liée à la première, est la différence de silhouette dans les deux milieux. Dans l’eau ses pattes antérieures se replient sur la poitrine, il prend une forme fuselée, il est mince et agile. A terre et à sec, le desman prend une forme de boule de poils, il ne dépasse que l’étonnante trompe et la queue qui malheureusement fait très « rat » et il marche en chaloupant car il marche sur l’extrémité de ses vingt griffes puissantes.
Le desman est un petit vorace qui consomme presque l’équivalent de son propre poids (en captivité et en hiver).
L’activité de notre insectivore est fébrile et même frénétique. S’il ne dort pas, il ne cesse de parcourir son domaine, nageant, grimpant, courant, mangeant, se peignant avec énergie. On ne s’étonne pas qu’il ait un si bel appétit, et aussi qu’il tombe littéralement en un petit somme au beau milieu de ses activités.
Le sommeil vrai coupe l’activité du desman en périodes assez régulières de trois heures environ, aussi bien de jour que de nuit, bien que l’animal soit franchement nocturne.
Quand on observe un desman en captivité, on voit bien l’importance de la trompe qui ne cesse d’explorer fébrilement alentour. Elle lui sert à tout : à creuser, à fouiller, à boire, à palper, à capturer….mais surtout à manipuler. Il n’y a que l’éléphant qui, à l’échelle près ! soit capable de pareille habilité. »
Texte extrait de Le Desman des Pyrénées, R. Bernard, Nathan, Paris, 1986.
(Richard Bernard est chercheur CNRS au Laboratoire du milieu souterrain de Moulis en Ariège.)
A noter que la fourrure du desman est conçue pour la plongée. Elle est composée de deux couches de poils : une couche interne, et une couche externe, la jarre. C’est une espèce classée « menacée » sur la liste rouge française et « vulnérable » sur la liste rouge mondiale
Pour avoir plus de détails sur le desman et pour voir les superbes photos de Pierre Cadiran, photographe animalier consulter les sites suivants :
http://www.ariege.com/nature/desman/index.html
http://natura2000.environnement.gouv.fr/especes/1301.html
http://pourlanimal.forumpro.fr/t484-le-desman
www.cren-mp.org (site du Conservatoire régional des espaces naturels Midi Pyrénées)
Pyrénées magazine, Sauvons le desman, n°195, mai-juin 2011, pp.20-26.
photo 41 Le desman des Pyrénées
• Le cincle plongeur
Les cincles vivent sur les rives des cours d’eau rapides, dans les endroits rocailleux et escarpés et prioritairement en altitude ce qui explique qu’on les aperçoit souvent dans le Salat ou dans ses affluents.
Le cincle plongeur trouve sa nourriture essentiellement dans l’eau. Il n’a pas les doigts palmés mais il nage très bien. Il reste debout sur un rocher ou une branche à mi-rivière, en se balançant souvent de haut en bas avec la queue dressée. Quand il repère une proie, il glisse sous la surface de l’eau, et marche littéralement dans l’eau, ou même vole sous l’eau avec les ailes entrouvertes. Son plumage doux et dense lui offre une bonne isolation dans l’eau où il trouve des larves et des petits poissons. Après le plongeon, il peut flotter vers le bas de la rivière sur une courte distance, avec les ailes partiellement ouvertes, avant d’émerger.
Afin de glisser sous la surface, il se tend vers le bas, avec la tête bien baissée et le corps oblique, et une fois dans l’eau, il agrippe le fond avec ses doigts puissants et bouge librement.
Il marche et court aussi sur le sol, sur les rives des cours d’eau, pour chercher des insectes terrestres
Pour en savoir plus sur ce petit oiseau familier du Salat et de tous ses affluents (biologie, habitat…) :
http://www.oiseaux.net/oiseaux/cincle.plongeur.html
http://www.oiseaux.net/dossiers/gilbert.blaising/etonnant.cincle.plongeur.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cincle_plongeur
www.youtube.com/watch?v=8JsXjNdqFRw (video du cincle dans le Salat à Soueix)
www.que-nature-vive.com/galerie/xt_rubrique.asp?…2302 (collection de superbes photographies)
Une autre richesse naturelle du Salat : l’or … Le Salat, l’or et les orpailleurs
Le Salat est une rivière riche en minéraux : est-il besoin de rappeler que les eaux du Salat alimentent une source thermale, à Salies-du-Salat, dont la teneur en sel (320g/l) en fait la source la plus minéralisée d’Europe mais, le Salat est une rivière ariégeoise connue aussi pour sa riche teneur en fer (la couleur rouille des roches sur lesquelles il roule ses flots en atteste !). Le Salat est enfin et surtout une rivière connue pour être alimentée en or par les gîtes métallifères nombreux dans le massif de la Fourque. Il possède une première zone de placers, de Soueix à Seix. On y trouve des grains. C’est certainement la rivière pyrénéenne actuellement la plus riche en paillettes.
De Seix à Soueix, la zone aurifère de la partie amont du Salat, souvent citée, produit paillettes, grains et pépites. Les spécimens millimétriques de plus de 2 mm sont fréquents et peuvent atteindre 6 mm, avec une épaisseur de 2 mm
Paillettes d’or dont la taille réelle n’excède pas 6 mm
L’or est accompagné et signalé par des dépôts ferreux centimétriques abondants: magnétite, hématite et scories de fonderies. De nombreuses traces d’exploitations minières sont connues dans le secteur Soueix-Rogalle. Une fonderie antique se trouve au col de Bernadès, à 830 m d’altitude. Le crassier de Bernadès, composé de scories de fer a été fouillé en 1977 par J.E Guilbaut et a révélé quelques fragments d’amphores antiques.
Enrichi à partir de Saint Girons par les ruisseaux de sa rive droite, drainant les conglomérats aurifères du Plantaurel, le Salat dépose de nombreuses paillettes à partir de St Girons, jusqu’à son confluent avec la Garonne.
Avant de se jeter dans la Garonne, près du pont de Roquefort, le Salat traverse une zone où son lit de roche calcaire affleure en formant des creux capables de piéger le métal précieux.
Le Salat se prête donc volontiers à l’orpaillage : la rivière secrète des paillettes et de petites pépites d’or que l’on sépare du sable de la rivière à l’aide d’une batée (plat conique) ou d’un pan (sorte de plateau)
Ruisseau impétueux né de neuf sources dans une contrée sauvage, torrent souvent violent dévalant avec force et fracas les versants du Haut Couserans, puis calme rivière qui vient, à Roquefort, grossir la Garonne, le Salat possède de multiples facettes…Quoiqu’il en soit, il demeure et demeurera, au fil de l’histoire, un lieu constant de vie : pour les hommes, bien sûr, mais aussi pour la flore de ses berges et la faune qui l’anime. En ce sens, le Salat est à lui seul une invitation au voyage. Mais il est aussi l’un des symboles de ce patrimoine naturel, vivant et évolutif, sur lequel nous nous devons de veiller.
Sources et remerciements
Hormis les sources internet et livresques citées au fil du texte, nous avons lu et utilisé les éléments suivants :
• « Tempête sur le Haut-Salat, une nuit mémorable », dossier constitué de témoignages et d’articles de presse collectés par la classe de 5e1 du collège de Seix suite à la crue du Salat en 1982.
• Notes de travail de Me Pauline Chaboussou, chargée de mission patrimoine à Seix qui a travaillé à la confection de panneaux sur le Salat.
• Prêt de photos se rapportant à l’inondation de Salau en 1982 par Mr Pierre Pujol
• Découvrir le desman des Pyrénées, Galemys pyrenaicus, symbole de la qualité de l’eau, plaquette éditée par l’ANA, Mairie, 09240 La Bastide de Sérou
• Guide du chercheur d’or en Ariège, H. Tabarant, synthése de tous les documents d’archives trouvés par cet ancien chef d’exploitation minière avec, en particulier, p. 11-12 le bassin du Salat et p. 14-23 la description du matériel utilisé pour le lavage du sable.