Objets du quotidien

Ustensiles de cuisine, linge de maison, linge de corps et vêtements,  objets de toilette, outils, armes, ustensiles à l’usage du feu (chenêts, soufflet…), mais aussi objets culturels, bijoux, lampes et lanternes, voici un inventaire à la Prévert de tous ces objets du quotidien qui tous témoignent du cadre de  vie ordinaire et de la vie domestique dont nous voulons ici rendre compte.

clés à foin

Chaque objet correspond en effet à une fonction précise en rapport avec la vie quotidienne ; chenêts, tisons, soufflets se tiennent près de l’âtre pour se chauffer ; casseroles, pots à confits, marmites en fonte ou en émail servent à cuisiner ; pour boire et manger sont posés sur la table assiettes, plats, couverts, tandis que  moulins à café et autres cafetières sont rangés sur les étagères.
Pour  s’éclairer, on utilisait autrefois des lampes à pétrole, des lanternes, des chandeliers, des éteignoirs et des mouchettes…;  laver, coudre ou  repasser nécessitait l’usage de battoirs, de rouets, de navettes, et de différentes sortes de fers …-

Pour ranger ses affaires ou partir en voyage, il est besoin de coffres, de valises, ou encore de nécessaires de voyage… ; les pipes, pots à tabac et tabatières dénotent quant à eux la maison et les objets du fumeur… la liste est longue mais les caractéristiques de chacun de ces objets nous permet de les regrouper en « familles » ; elle nous donne surtout un éclairage social et historique sur la vie autrefois et rend possible un comparatif avec la vie d’aujourd’hui.

Grâce à tous ces  objets, nous pouvons parfois nous remémorer des savoir-faire anciens. Les lérous, les cuillers à écrémer nous rappellent les activités laitières et fromagères qui animaient le village.

Lérou ariégeois

Lérou ariégeois

De même les battoirs, leur forme ou leur état d’usure nous remettent en mémoire ce que fut la corvée de linge autrefois, quand il fallait le porter en brouette jusqu’au lavoir communal pour la battée.

la lessive autrefois

la lessive autrefois

D’autres objets, plus « culturels » ceux là,  appartiennent également à cet espace privé.

Les livres bien sûr –leur rareté même est d’ailleurs significative-, les tableaux –souvent des chromolithographies du XIXe s. représentant des scènes de chasse ou des natures mortes-, mais aussi des crucifix, des bénitiers ou des images pieuses qui ornaient autrefois les murs de la chambre et qui suggèrent, par leur abondance même, la forte emprise sur les mentalités qu’avait la religion dans notre milieu rural jusqu’au début du XXe siècle.
A tous ces petits objets de vie quotidienne vient s’ajouter le mobilier de l’habitat traditionnel de nos montagnes.
Les lits, bien sûr, dont François Xavier de Maistre dans son Voyage autour de ma chambre  soulignait déjà les trois fonctions essentielles quand il écrivait :

«  C’est un berceau garni de fleurs ; c’est le trône de l’Amour ; c’est un sépulcre »…,

bassinoire

bassinoire

Une bassinoire pour réchauffer le lit…
…mais aussi les armoires, les coffres, les commodes, les coiffeuses, les tables et les sièges, les vaisseliers… véritables signes sociaux d’intérieurs plus ou moins aisés -, selon que les meubles sont plus ou moins « façonnés »,  mais signe également d’une plus ou moins grande sociabilité : le nombre même de bancs ou de chaises dans une maison trahit par exemple la capacité d’accueil d’un plus ou moins grand nombre de personnes au sein d’une maison… –
C’est dans  cet espace domestique, structuré par le mobilier et les objets que s’exécutaient et que s’exécutent encore les gestes du quotidien dont nous nous proposons de rendre compte.

 

Pour mieux en montrer l’importance, soulignons que  les artistes contemporains se sont parfois emparés de ces objets.
Violons et bouteilles, guitares et guéridons, journaux et verres peuplent les natures mortes cubistes.

Aram Koupétzian.Cubisme synthétique

Aram Koupétzian.Cubisme synthétique

Le Musée de l’Objet – collection d’art contemporain -, a ouvert ses portes à Blois en 1996. Il regroupe des œuvres produites par soixante dix artistes français et étrangers qui, dans le courant du XXe siècle, ont fait de l’utilisation et de la manipulation de l’objet un véritable genre artistique.
Les objets choisis ont été assemblés, détournés, compressés… comme l’ont été par Arman les horloges installées dans la cour de la Gare Saint Lazare de Paris en 1985.

Arman Paris.Gare St Lazare. L'Heure de tous

Souvenons nous aussi, que, bien avant lui, Salvador Dali avait inventé en 1936 le Téléphone-homard et que le génial Marcel Duchamp nous avait offert dès 1914 son  célèbre Porte bouteilles.

S Dali. Le telephone-homard

S Dali. Le telephone-homard

En littérature, Georges Pérec, dans Les Choses en 1965, interrogeait  déjà notre relation singulière aux objets de consommation qui structurent désormais nos intérieurs. Puis, ce fut Jean Baudrillard qui se fit  le théoricien du statut socio-économique des objets qui sont au cœur de nos modes de vie, en écrivant, en 1968, Le système des objets .
De manière plus ludique et très spectaculaire, l’artiste Hervé di Rosa a mis en scène au MIAM – Musée International des Arts Modestes – à Sète, des caravanes où sont entassés, comme par magie, de nombreux objets du quotidien.
Cette vision d’accumulation, très colorée, nous amuse, nous enchante et nous émeut tout à la fois tant elle évoque avec force une part de notre enfance.

MIAM. Sète

MIAM. Sète

 

Preuve s’il en est que les objets ont une âme et que  tous ces objets racontent bien une histoire : la nôtre.

W. Bouguereau La Soif 1825-1905

W. Bouguereau La Soif 1825-1905