Traditions de Noël

  

 

Sainte-Luce

Christianisé en Noël, le solstice d’hiver est un moment privilégié. C’est le moment « où la lumière va commencer à croître un peu plus chaque jour, jusqu’à l’apothéose qu’est le maximum triomphal du solstice d’été »

On connaît le dicton «  A Sainte Luce un saut de puce, a Nadau un saut de brau ( bœuf) ».Un dicton qu’il convient de ne pas prendre au pied de la lettre, car il est victime des tribulations du calendrier civil.

Le dicton remonte à une époque vieille de plus de quatre siècles, où la Sainte Luce se fêtait le 23 Décembre. A cette époque le calendrier civil avait dix jours d’avance sur le calendrier astral. Le pape Grégoire XIII l’amputa d’un coup de dix jour décidant que le lendemain du 4 Octobre 1582 serait le 15 Octobre. C’est ainsi que la Sainte Luce passa du 23 Décembre au 13 Décembre.

En observant le temps de chacun des douze premiers jours de l’année (solaire) on pouvait connaître le temps qu’il ferait au cours des douze mois de l’année. Les douze premiers jours étaient appelés les ‘calendros’ (diminutif venant du Latin calendes).quelle fiabilité peut-on accorder à ce mode de prévision surtout si l’on sait que le point de départ des ‘calendros’ a varié avec le calendrier civil se situant, pour certains, le jour de Noël, pour d’autres, le jour de l’An et pour d’autres encore le jour du solstice.

 

     

Le  » Soqueth  » de Noël ou bûche de Noêl

 

Avec l’arrivée du froid la vie se replie dans la maison bien fermée. Cette vie s’entretient à la chaleur du feu de cheminée. C’est ce qui symbolise  » la bûche de Noël  ». Le feu produit est un feu d’intérieur, ralenti, tout comme la vie elle-même. C’est un feu de braises et non de flammes vives, un feu qui couve sous la cendre. La combustion doit être lente, elle doit durer le plus longtemps possible. Une combustion de trois ou quatre jours n’était pas exceptionnelle. Pour parvenir à ce résultat ce n’était pas une bûche, mais une souche (partie inférieure du tronc qui reste enracinée après abattage de l’arbre) – en gascon eth.soc (  »souc » ) ou eth. soqueth, qui en est le diminutif. Le  »soqueth » par sa forme massive se consume lentement sans s’éteindre. On pense que le hêtre convient mieux que le chêne. Il faut donc bien choisir son  » soqueth  », le mettre à l’abri au plus tard pour l’avent – c’est à dire le 4ème dimanche avant Noêl

Deux ou trois jours avant le soir de Noël on ramonait la cheminée.Le soir du 24 on allumait donc le nouveau feu où l’on plaçait le  »soqueth » – le ‘nouveau feu’ avait donc lieu dans un  »âtre purifié, débarrassé des débris de la combustion du passé, nettoyé du cycle annuel défunt »

 

 

Allumer la bûche de Noêl, qui était ‘christianisée’ par une croix gravée au couteau sur l’écorce, c’était allumer le premier feu de la nouvelle année. Cet acte nécessite quelques préparatifs .Les cloches, » eras aubetas  », sonnaient à toute volée quelques jours avant Noël ( en général douze jours avant, qui correspond à la durée des calendros, raccordement de l’année solaire et de l’année lunaire).

 

 

Le Réveillon

Comme la bûche, le réveillon, associé à la messe de minuit et à la veillée, est caractéristique de Noël.

En des temps où l’on ne mangeait pas toujours à sa faim ou à son goût le réveillon était un repas de fête amélioré.

 

 

 

La daube était le plat de résistance il était rarissime à l’époque de manger de la viande de bœuf. C’était un plat de circonstance que l’on pouvait mettre à mijoter auprès du feu alimenté par le  »soqueth ».

La recette variait selon les lieux et les cuisinières.

 

 

D’après celle de J. Gracatos » la veille, il fallait mettre à macérer les carottes, l’oignon, l’ail, le laurier, le thym dans du vin. Le lendemain il fallait vider ‘l’oule’, mais ne pas jeter le vin, ensuite on passait à la poêle les carottes, l’oignon, dans la graisse, puis on mettait le vin à bouillir dans ‘l’oule’, La viande, était passéeàla poêle avec du lard avant de verser le tout dans ‘l’oule’ pour mijoter devant le feu pendant quatre heures. Un quart d’heure avant de servir on préparait un peu de sauce avec la farine

La tradition de la daube n’était pas générale. Elle était localisée dans la zone riche du piémont. En montagne le menu était plus simple, composé souvent de crêpes de blé noir que l’on trempait dans un bol de lait

Avant la messe de minuit, la soirée commençait par une veillée en famille avec les voisins. On y racontait des histoires, dont certaines parlaient de fées ( ‘eths hadons’ ou ‘eras hadas’ )

 

 

 

Mais la veillée était écourtée dans les hameaux reculés où il fallait plusieurs heures pour se rendre à l’église. Chacun revenait de la messe avec le pain béni distribué au cours de l’office – un pain précieux que l’on conservait et que l’on donnait aux malades.

 

Le bétail n’était pas oublié, et recevait une ration importante le soir de Noël. On racontait même qu’il portait malheur de pénétrer dans l’étable le soir de Noël, car les bêtes parlent cette-nuit là et on ne devait pas les déranger sous peine d’être puni !