Anges, archanges et autres chérubins…

Un ange annonciateur

Un ange annonciateur

A la mi-décembre 2011, l’ange à la trompette qui surmontait la chaire à prêcher polychrome de la chapelle Notre Dame de Pitié de Seix nous est revenu nettoyé, poli, enfin débarrassé des souillures du temps.
Aujourd’hui, cet ange musicien en pied, aux ailes déployées fait donc partie intégrante de notre trésor patrimonial à titre d’œuvre d’art.

Seix. L'ange à la trompette

Seix. L’ange à la trompette

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien que son auteur soit anonyme, l’ange musicien de la chapelle de Seix a été inscrit aux Monuments historiques en 1999. Il est propriété de la commune de Seix.

Mais, au fond, hormis sa datation imprécise – XVIIIes.-,  sa taille de 65 cm, la dimension de la trompette dans laquelle il semble souffler avec force, la tenant haut levée – 35 cm-, que savons-nous d’autre sur cet ange ?
Que peut bien signifier cette figure biblique, cet ange musicien enserrant dans ses bras potelés une drôle de trompette ?
Que peut bien cacher ce visage aux joues rondes et gonflées par l’effort, cet ange aux yeux écarquillés sous d’épais sourcils?
Quel sens attribuer à ce visage enfantin encore tout empreint de naïveté ?
Que peut-on tenter d’en deviner ?

Peut-être faut-il tout simplement se demander ce qu’est un ange ? : un « pur esprit » selon les religions mais cet ange que nous avons sous les yeux a pourtant bel et bien un corps, une taille, un poids ! il est doté d’un instrument de musique et sa gestuelle ressemble à s’y méprendre à celle d’un être humain !
Force est de constater que, depuis bon nombre de siècles maintenant,   les artistes – qu’ils soient peintres ou sculpteurs- s’échinent  à vouloir représenter les anges!


Que signifie donc la présence de cet ange musicien dans la chapelle de Seix ? Pourquoi cet ange est-il tellement digne d’intérêt ?
Un détour par la mythologie religieuse et par l’histoire de l’art s’impose si nous voulons essayer de répondre à cette question, sans compter que ce détour peut aussi nous aider à différencier cet ange musicien d’une multitude –oserons-nous dire d’une myriade ?-,  d’autres anges…
Dérivé du mot latin angelus lui-même emprunté au grec ἄγγελος, ángelos, comme en hébreu, le mot « ange » désigne d’abord un messager.
L’ange serait une créature céleste, un être surnaturel, un envoyé de Dieu, un intermédiaire entre Dieu et les hommes.
Le terme employé dans le texte hébreu de la Bible, « Malak » signifiait originellement « message » puis devint « messager ».
Les anges sont présents dans la Bible hébraïque, dans le Nouveau Testament mais aussi dans le Coran des musulmans.
Dans la Bible, les anges accompagnent Dieu dès la Genèse, lors la Création du monde. On se souvient peut être aussi que c’est un ange qui arrête le bras d’Abraham prêt à sacrifier son fils, ou encore de cet autre épisode, rendu célèbre par la chrétienté, celui de la lutte de Jacob avec l’ange maintes fois depuis représenté en peinture.

Seix. La chapelle ND de Pitié

Seix. La chapelle ND de Pitié.

Dans l’ épisode de l’échelle de Jacob, Jacob voit des anges monter et descendre sur une échelle dont l’extrémité touche le ciel ; ce sont encore des anges — sous une forme humaine-, qui viennent prévenir Loth de la fin de Sodome quand il les reçoit dans sa maison… et l’on sait aussi que , dans la mythologie chrétienne, Michel devient l’ange du prophète Daniel…
Ces quelques rappels – que nous pourrions multiplier à l’envie-, nous montrent assez la forte présence des anges dans la Bible et si nous les citons c’est que de Michel- Ange à Fra Angelico, de Rembrandt au Greco,  le motif de l’ange et les scènes bibliques emblématiques ont de tous temps inspiré les artistes.
L’ancienne tradition juive comptait déjà dix degrés ou ordres d’anges appelés aussi Intelligences et Maïmonide affirme que cette croyance est la seconde après Dieu.
La croyance dans les anges est donc une croyance commune entre juifs et chrétiens, mais il ne faudrait pas oublier que les anges figurent également en bonne place dans Le Coran. Le Coran en parle très souvent et il en donne une description :

« Louange à Dieu, Créateur des cieux et de la Terre, qui prend pour messagers les anges pourvus de deux, de trois ou de quatre ailes ! » (Sourate XXXV-1)

Dans le Coran il est aussi question des « anges gardiens » ou « anges scribes ». Selon les traditions, chaque être humain serait accompagné de deux anges : un « ange de la droite » écrivant ses bonnes actions et un « ange de la gauche » qui inscrit les mauvaises.
Le Coran cite nommément quelques anges. Certains sont désignés par une fonction, sans être nommés, comme l’ange de la mort par exemple mais, comme dans la Bible, ce sont surtout les commentaires et la prédication populaire qui se sont chargés de nommer et décrire la plupart des êtres angéliques.
Gabriel (Jibrīl) est le plus important des anges. Mikaël (Michel ou Michael) est un des anges du Jugement dernier chargé de la « pesée des actes ». Selon des traditions, il serait aussi l’ange chargé de la pluie et de la végétation. Quant à Raphaël (Isrāfīl) il n’est pas nommé dans le Coran, mais il en est souvent question. Il serait l’ange chargé de souffler trois fois dans la trompette pour annoncer la Résurrection.
Azraël est cité dans le Coran de manière anonyme. Il est l’Ange de la Mort (Malāk-Al-Mawt) qui est chargé d’ôter l’âme des corps des défunts. Il apparaîtrait terrifiant aux impies et consolateur aux fidèles.
Les assistants de l’Ange de la mort sont de deux sortes ; les Anges de miséricorde et les Anges du supplice.
Comme dans les autres traditions juive et chrétienne, la tradition musulmane pense que, contrairement à l’être humain, les anges n’ont pas de sexe et ne se reproduisent pas.
Si nous  constatons que les anges font partie intégrante de la mythologie religieuse cette même mythologie les différencie entre eux : tous les anges ne sont pas égaux, loin s’en faut !
Il existe une hiérarchie chez les anges. Si nous retenons par commodité la classification telle qu’elle a été établie par Denis l’Aréopagite (Ves.),  il existerait trois familles d’anges, composée chacune de trois groupes :
•    Les Conseillers : parmi eux, Séraphins, Chérubins et Trônes
•    Les Gouverneurs : avec les Dominations, Vertus et Puissances
•    Les Ministres : avec les Principautés, Archanges et Anges.
A cause de cette catégorisation on parle parfois en religion  des « neuf chœurs des anges », symbolisés chacun par neuf pierres précieuses associées à neuf couleurs différentes : ainsi aux Séraphins sont associés l’escarboucle et le rouge ; aux Chérubins le topaze et le blanc ; aux Trônes la chrysolithe, vert et or ; aux Dominations l’onyx, pourpre et blanc ; aux Vertus le saphir et le bleu ; aux Puissances l’émeraude et le vert ; aux Principautés la sardoine et le rose ; aux Archanges le béryl et le violet ; aux Anges le jaspe et le vert foncé.
Cette catégorisation nous permet de voir que les Anges arrivent en dernier dans l’échelle de la liste. Cette catégorie inférieure est celle qui est donc la plus proche des hommes.
Les anges sont crédités entre autres des caractéristiques suivantes : ils sont asexués, immortels, dotés d’uns science surhumaine ; ils peuvent apparaître n’importe où et avec une grande rapidité. Les anges sont nombreux : dans  l’Apocalypse il est question de « myriades et de myriades d’anges »- il est souvent question de la « multitude de l’armée céleste » (St Luc).
Le Christ, dans sa vie mortelle, associe les anges à sa naissance, à sa fuite en Egypte, au baptême,- où ils tiennent les vêtements- ; il les associe également à sa Passion, dont ils portent les instruments et à sa mort, qu’ils pleurent et où ils recueillent son sang ; les anges sont encore associés à la déposition de la croix, soutenant le cadavre, et à l’ascension du Christ : ce sont eux qui soulèvent son auréole et qui l’escortent encore au Jugement dernier.
Mais la Vierge, elle aussi, est associée aux anges : ils la servent au temple, l’enlèvent à son assomption, la couronnent et assistent à son triomphe.
L’Eglise la proclame même reine des anges, « regina angelorum, domina angelorum », élevée au-dessus des anges, proclamée donc  « Reine des Cieux »..
Dans le Nouveau Testament, seuls quelques élus et surtout la Vierge Marie dialoguent avec les anges. Ainsi l’ange de l’Annonciation, l’ange Gabriel apparaît à Zacharie dans le Temple, puis à Marie à Nazareth, entrant chez elle, et la saluant « pleine de grâces » (Annonce faite à Marie, Évangile de Luc) lui annonçant la bonne nouvelle de sa conception virginale. L’ave Maria quant à lui est bien une salutation angélique….
La fin du XII° s. voit apparaître un culte propre à la Vierge Marie (culte marial), Il devient alors fréquent que les louanges à la « Mère de Dieu » soient proclamées par des anges munis d’instruments de musique.

Si nous voulons donc bien nous souvenir que notre ange musicien seixois est normalement juché sur le haut de la chaire à prêcher de Notre Dame de Pitié  chapelle dont la vocation au culte marial est établi, il semble assez naturel qu’un ange figure en bonne et due place à cet endroit. En effet, rappelons que dans cette chapelle Notre Dame de Pitié de Seix, non seulement un superbe médaillon représentant la vierge aux sept épées (Notre Dame des sept douleurs) figure sur la clef de voûte mais que le tableau gauche du triptyque du retable représente justement la Nativité de la vierge, événement considérable s’il en est dans la mythologie chrétienne !.
On sait enfin qu’une cérémonie d’importance se  déroulait dans cette chapelle Notre Dame de Pitié chaque année, le 15 août, en l’honneur de la vierge Marie…
La proximité de l’ange musicien et de sa reine n’a donc rien ici que de très naturel.
Dans la chapelle ND de pitié, la situation de l’ange est inscrite en position dominante juché sur le haut de la chaire polychrome. Cette position est  symbolique de son intercession entre Ciel et Terre : il semble s’adresser aux fidèles (légèrement tourné vers la nef et les tribunes), et se situe du même côté que le tableau consacré à la Nativité de la Vierge.

Mais  pourquoi cet ange « musicien » ? et qui plus est, cet ange « à la trompette » ?

Quelques éléments de réponse peuvent être trouvés là encore dans la mythologie chrétienne mais c’est l’histoire de l’art qui nous renseigne le mieux et qui nous permet de mieux  réfléchir encore sur la présence de cet ange à cet endroit.

Les anges dans l’art

Les arts figuratifs paléochrétiens représentent les anges sous les traits de beaux jeunes hommes, très rarement barbus et toujours sans ailes.
C’est seulement depuis le IVe siècle qu’ils sont ailés et généralement vêtus de blanc, sur le modèle de Niké, la déesse grecque de la Victoire, et sur le modèle des chérubins et séraphins de l’Ancien testament.
Jusqu’au XIIe siècle, il n’existe que de très rares exemples de représentations d’anges musiciens car l’Eglise condamnait la musique instrumentale : le musicien profane s’exposait à la damnation éternelle !, d’où la rareté des représentations à une exception prés cependant :  celle d’anges représentés avec un  instrument particulier : le cor, que ce cor  s’apparente à un olifant de précieux ivoire, ou à une simple trompe de terre ou de bois . Seul cet instrument est toléré par l’Eglise car le cor est moins un instrument de musique au sens réel du terme qu’un instrument bruyant annonciateur d’une parole forte : la parole divine.
Certains lecteurs savent peut-être que sur la première voussure du superbe portail de la cathédrale de Saintes, en Charente-Maritime, huit anges musiciens sont munis de divers instruments : trompe, harpe, psaltérion, orgue, rébec, doulcemelle, luth et choron… C’est qu’à  partir du XIIIes., les représentations d’anges musiciens ne sont pas rares !

Du XIIIe siècle au XVIe siècle les représentations d’anges musiciens fleurissent à travers l’Europe. On en trouve de fort nombreuses en Allemagne, en Belgique, en Espagne ou en Italie. Ces représentations se multiplient en utilisant les supports les plus divers : pages de manuscrits, vitraux, sculptures, peintures…
Musiciens, les anges chantent et s’accompagnent d’instruments divers. Certains jouent de la cornemuse ou du biniou, d’autres des cymbales, d’autres encore de la bombarde, de la harpe, de l’orgue portatif et d’autres enfin…de la trompette !
Les trompettes et busines, ces instruments de signal en métal, amenés du monde musulman, remplacent à partir du XIII° siècle les cors.
Rappelons à ce propos que les premières trompettes ont été inventées dans l’Antiquité. Elles apparurent en Egypte, il y a plus de trois mille ans. Deux trompettes ont d’ailleurs été retrouvées dans le tombeau de Toutânkhamon.

Täufer. Ange à la trompette

Täufer. Ange à la trompette

En Grèce, la trompette était appelée salpinx et était considérée comme une discipline olympique. On y trouvait trois épreuves : le son le plus fort, avec le plus de décibels, le son portant de loin et le son le plus aigu. A Rome, on utilisait la buccina et le lituus tandis que les Celtes utilisaient eux le carnyx.
On dit que les murs de la cité antique la plus florissante de Palestine, Jéricho, s’effondrèrent au son des trompettes….

Les trompettes de Jéricho

Les trompettes de Jéricho

Chez les Grecs, la trompette sert à rythmer la marche dans les grandes processions…
A Rome aussi la trompette est un instrument essentiel dans les cérémonies religieuses : deux fois par an, on procède à la lustration des trompettes sacrées. Aux sacrifices, aux jeux publics, aux funérailles, ainsi que dans les défilés triomphants, on sonne de la trompette.
Les armées romaines connaissaient et pratiquaient cette alternance terrifiante du silence profond et du concert aigu des trompettes. La trompette est un instrument qui a de ce fait des connotations tout à la fois religieuse et militaire. (Souvenons-nous à ce propos de l’expression biblique « l’armée des anges »)
Au Moyen âge comme dans l’Antiquité, la trompette alors appelée buisine est utilisée pour annoncer et glorifier les grands événements. Au Moyen âge, c’est la buisine qui annonce haut et fort les évènements marquants de la vie officielle de la cité : arrivées de personnages importants, couronnements, mariages, naissances… Associées également à la vie militaire, les buisines portent le plus souvent les couleurs du pouvoir qu’elles servent.
L’ange musicien de Seix est doté de cette trompette appelée autrefois la buisine, une sorte de grande trompette droite nommée également posaune (sorte de trombone) en terres germaniques.

Seix.L'ange à la trompette

Seix.L’ange à la trompette

Elle  est également connue des musulmans sous l’appellation « nfir » (« añafil » en espagnol).
Il s’agit d’une trompette naturelle à perce cylindrique dont l’extrémité se termine par un pavillon. Généralement en cuivre, elle mesure environ un mètre soixante de longueur et est fréquemment composée de deux ou trois parties emboîtées les unes dans les autres.
Normalement, la buisine est tenue dressée vers le ciel et c’est bien le cas avec notre ange : n’oublions pas qu’il est avant tout un messager : l’ange s’adresse à tous et fait résonner sa trompette ! C’est à n’en pas douter un ange annonciateur.
Mais, dans la religion chrétienne,  dès le XVe siècle, le son fracassant des buisines rappelle et symbolise une autre annonce aussi imminente qu’inexorable: celle de l’Apocalypse qui précède le Jugement dernier. Les trompettes étaient dans l’Antiquité beaucoup plus des instruments de ralliement que de musique. Elles résonnaient dans le temple pour convier le peuple à l’adoration, et sur le champ de bataille pour appeler au combat. Chez les prophètes et dans le Nouveau Testament, c’est la sonnerie de trompettes qui signale le jugement final

« Et je vis les Sept Anges (Gabriel, Raphaël, Uriel, Michaël, Samaël, Zachariel, Orifiel) qui se tiennent devant Dieu et il leur fut donné sept trompettes (Ap. v.2). »
Dans l’Apocalypse, sept anges sont spécialement chargés de châtier la terre : ils sonnent de la trompette et chacun d’eux, tour à tour,  préside à un fléau : « Et septem angeli, qui habebant septem tubas, praeparaverunt se ut tuba canerent. Et primus angelus tuba cecinit et facta est grando et ignis mixta in sanguine et missum est in terram et tertia pars terrae combusta est. » (Ap., VIII, 6, 7)

L'ange de Michelange

L’ange de Michelange

Pour ces raisons, les anges  musiciens peuvent de fait se classer en deux grandes catégories : les anges «avertisseurs », annonciateurs et glorificateurs d’une part ; les anges de l’Apocalypse, porteurs du jugement divin, d’autre part.
On le voit, un détour par la mythologie religieuse nous permet de mieux appréhender la connaissance de la présence de notre ange musicien.
Il nous semble bien évidemment que l’ange musicien de la chapelle de Seix appartient davantage à la première catégorie d’anges, celle des anges annonciateurs et glorificateurs avec l’annonce de la Nativité de la Vierge et la célébration de sa gloire-,  plutôt qu’à la seconde catégorie, celle des anges de l’Apocalypse-, et ce,  au vu des explications avancées précédemment.
Il ne faudrait pas oublier pour autant que  notre ange qui a recouvré  aujourd’hui tout son lustre vaut aussi pour sa grande qualité artistique.
Si nous l’observons avec attention nous pouvons remarquer qu’il ressemble à un enfant, si ce n’est, évidemment, la paire d’ailes dont il est affublé !
Les anges étant de purs esprits, l’art a du, pour les rendre visibles, leur donner une forme matérielle : il a pris, en conséquence, la plus belle et la plus noble qui soit : la forme humaine, mais il a cherché à l’idéaliser, pour la rendre la plus immatérielle possible.
L’ange est un humain mais il a la légèreté et la grâce de l’oiseau.
Son corps enfantin est donc doté d’une belle paire d’ailes, – qui peut d’ailleurs paraître quasi disproportionnée !-,  mais n’oublions pas que notre ange sculpté est placé en hauteur ! – il doit  donc être visible et c’est volontairement que le sculpteur a grandi ces ailes.
Ces ailes révèlent son rôle de messager, son rôle d’intercesseur entre le ciel et la terre, rôle qui correspond à la définition initiale.
Les deux ailes  si elles sont utiles pour remplir la mission confiée et pour exprimer la rapidité avec laquelle s’accomplit le commandement reçu en même temps qu’elles le différencient de l’humain, évoquent également la légèreté des plumes : comme pour celles des oiseaux en action, le sculpteur a voulues ici les ailes « volantes » (et non au repos), signe qu’une nouvelle doit être annoncée, claironnée haut et fort.
Par le biais des ailes, la thématique de l’ange est évidemment à relier à celle du vol et de l’envol des oiseaux vers le ciel et, parallèlement pour les chrétiens, à celle des âmes convergeant vers le paradis (lieu où se tient selon les chrétiens…  le « concert des anges »).

Seix. L'ange à la trompette

Seix. L’ange à la trompette

L’ange semble nu sous sa tunique, ses cheveux longs noirs et bouclés pourraient le faire s’apparenter à une jeune fille mais l’épaisseur de ses sourcils est, elle, bien peu féminine !
Nous avons à faire sans nul doute possible à un être androgyne, dépourvu de sexe.
L’ange est ici figuré comme un enfant – rondeur et naïveté du regard -,  un être asexué – cheveux longs et bouclés mais sourcils épais – ;
Une tunique d’or permet de draper sa nudité mais laisse les pieds nus découverts : la nudité des pieds est un signe de mission dans le monde et de glorification.
Ses yeux grands ouverts, quasi écarquillés, nous rappellent son statut : l’ange voit tout, c’est un être sur-naturel.
Son visage aux joues rondes et imberbes semble exprimer une jeunesse éternelle.
Sous les traits d’un enfant, l’ange devient également symbole de candeur et d’innocence.
Cet ange est saisi en mouvement, dans un élan gracieux –observer à ce propos le mouvement des bras et des jambes  mais aussi le plissé de la tunique retombant le long de son corps et s’achevant en plis tuyautés le long de ses jambes.
Faute de pouvoir traduire la musicalité, le sculpteur semble vouloir nous montrer cet ange comme saisi sur un pas de danse léger, quasi aérien.
Alors, si cet ange nous ravit par sa présence retrouvée, espérons qu’il regagnera au plus vite la place qui est la sienne sur le haut de la chaire à prêcher de la chapelle !
Continuons toutefois comme lui à ouvrir grand les yeux et à observer ce qui existe autour de nous, car, dans le village de Seix, il est  bien d’autres anges : certains privés de corps semblent rayonner aux cieux tandis que d’autres, plus sévères, plus  inquiétants  et plus sombres gardent le cimetière…
Nous en reparlerons bientôt…!
Nous voudrions aussi évoquer ici une fleur qui doit  son nom à ces représentations d’anges à la trompette tellement  abondantes dans l’histoire de l’art, il s’agit de la fleur nommée burgansia et dont la forme rappelle étrangement notre ancienne buisine.
…Peut-être un jour la verrons-nous fleurir sur les murets en pierre du jardin de curé…

Brugmansia

Brugmansia