Beaucoup d’émotion, de sympathie, de chaleur humaine autour de cette exposition très visitée qui se tenait à l’école élémentaire de Seix durant l’été. Cette exposition évoquait et célébrait, -grâce à de multiples témoignages, cahiers, livres et objets scolaires-, ce que fut l’ Ecole de la République autrefois, en zone rurale montagnarde.
Le « livre d’or » témoigne de l’enthousiasme des visiteurs comme en témoigne également la fréquentation de l’exposition avec 784 visiteurs en juillet et …1582 visiteurs du 1er au 22 août, jour de la fermeture (…« plus tous ceux que Brigitte a oublié de noter, ne manquerait pas d’ajouter Lucette !»).
Que de souvenirs ont ressurgi !
Un retour vers sa jeunesse oblige à fouiller sa propre mémoire !
Manifestement l’exposition a agi comme un véritable déclencheur de paroles, les mots se bousculaient, tous avaient envie de parler ! Des exclamations de surprise, de la tristesse aussi parfois quand, face aux photos des groupes scolaires, on venait à surprendre le visage d’amis aujourd’hui disparus .
Le côté émotionnel était très perceptible, quasi palpable –.
Madame le maire de Seix, Christine TEQUI, nous a fait le jour de l’inauguration, l’honneur et le plaisir de sa présence.
De l’étonnement pour les plus jeunes qui découvraient, avec beaucoup de surprise, la mine et l’ardoise, les plumes, les plumiers et ces belles pages d’ écriture à l’encre violette, eux qui pouvaient, un peu plus loin, soupeser ces poids en fonte et ces mesures qui aidaient autrefois les élèves à maîtriser et à fixer un système métrique encore bien incertain.
L’expression d’un respect unanime pour ces maîtres d’autrefois, pourtant si redoutés, ceux de l’ Ecole de la République qui se dévouèrent avec un enthousiasme sans pareil à l’immense tâche qui était alors la leur : alphabétiser un peuple qui ne l’était pas, apprendre aux enfants, au-delà des savoirs fondamentaux –Lire, écrire et compter-, à mesurer, observer, à respecter les autres mais aussi à se laver et à se tenir propre, à une époque où l’hygiène ne faisait pas encore partie des priorités !
L’appétit d’apprendre était d’ailleurs tel que bien des jeunes de chez nous devinrent à leur tour instituteurs ou professeurs… Il n’est qu’à voir le nombre d’instituteurs reçus à l’ Ecole normale de Foix du temps où Mr PALMADE dirigeait le Cours Complémentaire de Seix ! Deux générations d’enseignants, même les touristes n’en revenaient pas !
Surprise encore de la part du public face au discours conquérant de Jules Ferry sur la colonisation ; face à ces images d’un autre temps qui dans les livres d’école décrivaient les Noirs de manière tellement stéréotypée qu’on avait parfois du mal à re contextualiser l’ambition « civilisatrice » qui prévalait alors en France ; celle qui, à Seix même, sous- tendait le discours de BRAU SAINT POL LIAS, l’un des premiers explorateurs à fouler le sol de Java et de Sumatra…
Une vraie tristesse éprouvée affleurait face aux souvenirs d’une école traversée par la guerre et qui, après la cuisante défaite de 1870, arma les garçons de fusils de bois et les fit défiler dans la cour de l’école puis qui assura la « préparation militaire », excitant peu ou prou l’esprit revanchard.
L’ombre de la guerre 14-18 était évoquée elle aussi par la seule photo de la stèle qui, fait exceptionnel, dans le hall de l’ancienne Ecole Normale de Foix, rend hommage aux instituteurs ariégeois dévoués à la Patrie qui perdirent la vie au champ d’honneur .
Une fois encore l’ombre de la guerre plana sur l’école, lors de la seconde guerre mondiale qui vit fuir le jeune Albert DOUGNAC vers l’Espagne où il comptait faire œuvre de résistance mais où il fut emprisonné dans les prisons franquistes avant de pouvoir reprendre la lutte armée pour la libération de la France.
Hommage à Jean ZAY à travers un long article qui évoquait sa vie, Jean ZAY, ce ministre de l’Education nationale qui mourut assassiné par la milice de Pétain lors de cette même guerre…
Le public a été étonnamment varié, ce qui pour nous est un réel gage de qualité ; il semble que les premiers visiteurs en aient entraîné d’autres et que le travail en réseau ait porté ses fruits : des personnes du cru, bien sûr, mais aussi beaucoup de jeunes, des touristes de passage –tout prêts pour certains d’entre eux à tenter la même expérience dans leur propre village, à Saintes ou à Espelette !- mais dont faisaient également partie un cartographe espagnol passionné et cet infirmier anesthésiste qui semblait ravi par cette redécouverte de l’Ecole d’autrefois ; un public plus « spécialisé »aussi constitué de professeurs d’école, de professeurs du second degré, de conseillers pédagogiques, d’inspecteurs d’académie mais aussi des maires ou ex-maires accompagnés de leurs épouses tels Mr G. SERVAT d’Ustou, Mr CLANET de Soueix ou Mr Jean LAFFONT de Seix dont le père fut instituteur.
Des conseillers municipaux Edmond LOZACH, Francis PILOT nous ont félicité avec des mots simples mais qui nous sont allés droit au cœur.
Albert TEYCHENNE enfin, auquel, on s’en souvient, cette exposition doit beaucoup, est venu lui en compagnie du président de la MAIF de Foix. Nous avons également eu le plaisir d’accueillir le président et le trésorier de l’AMOPA et Marie-Claude DURAN si fière et à juste titre du trajet maternel ! Le nombre, l’hétérogénéité et la sincérité de l’ensemble de ces visiteurs est un véritable encouragement pour l’association qui est la nôtre.
Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui nous ont aidés à à parfaire cette exposition, à la monter mais aussi…à la démonter ! (merci Daniel, Jean-Claude, Christian, Claude !) mais nous remercions surtout les 2366 visiteurs : c’est eux qui ont su rendre cette exposition vivante, attrayante, passionnante, ajoutant aux témoignages d’autres témoignages !
Nous sommes évidemment très, très heureux d’avoir pu renouer contact avec les parents d’anciens maîtres qui ont marqué de leur présence l’école de Seix ou celles des environs, avec notamment les parents de Monsieur PALMADE, de Monsieur et Madame SAVIGNOL ou encore de Flore DURAN …
Ajoutons que jamais aucun des bénévoles qui a assuré le « gardiennage » de cette exposition – Françoise, Claude, Anne-Marie, Annie, Annick, Josette, Yvette, Martine, Lucette ou Brigitte-, ne s’est ennuyé tant a été grande, de leur propre aveu, la qualité des échanges.
Ne doutons pas dès lors que cette exposition n’ait bientôt un prolongement : un livre en préparation, sans doute pour le printemps prochain et, qui sait , peut-être même une reconduction de cette exposition dans les villages alentours, en l’adaptant à chacun d’entre eux en fonction du vécu passé ?
à suivre donc !