Qu’il borde les rives du Salat, les sentiers qui mènent à Aunac, au Cos ou au Mirabat, le buis commun (buxus sempervirens) est très présent dans notre région.
A plus haute altitude on le trouve encore sous le carreau de la mine d’Anglade ou sur le sentier forestier qui nous conduit au Port de Salau.
Description
Le buis est un arbuste qui appartient à la famille des buxacées. Originaire d’Europe, d’Afrique du Nord, et d’Asie occidentale, il s’adapte aux milieux arides et rocheux et pousse naturellement dans les étages méditerranéen et subalpin.
Sa durée de vie est de 600 ans !
Arbuste rustique s’il en est, il supporte le froid jusqu’à -17°/ -20° !
Le buis a une croissance très lente de 10 cm par an en moyenne, et sa taille ne peut que rarement atteindre plus de 5 ou 6 mètres.
Son tronc, dont le diamètre ne dépasse que rarement 15 cm croît d’environ1 cm de diamètre tous les 10-15 ans tandis qu’il ne s’étire en hauteur, pendant cette même période, que de…50 cm !
Son feuillage persistant est composé de feuilles opposées, ovales, vert foncé et luisantes sur leur face supérieure.
Les fleurs, de couleur jaune, s’épanouissent en mars-avril. Elles sont réunies en grappes axillaires appelées glomérules, formées de plusieurs fleurs mâles et une femelle au centre.
Les fruits sont des capsules de 3 cm de long, se terminant par des cornes. Ils s’ouvrent en septembre pour libérer leurs graines.
Utilisations du buis
– Utilisation décorative
S’il existe encore à l’état sauvage dans nos haies champêtres, le buis est planté dans les jardins et considéré comme arbuste ornemental : le parc du château de Marqueyssac, situé en Dordogne, en offre un exemple. D’ une superficie de 22 hectares, ce parc est planté de 150 000 buis. C’est aujourd’hui un site classé et son jardin de buis taillé participe fortement à la réputation du château.
Le bastion, magnifique construction à flanc de falaise, domine de ses hauts murs la plaine et les méandres de la Dordogne ; c’est cette grande terrasse qui accueille le jardin d’agrément dominé par les buis taillés. Les rondeurs et la taille moutonnante des buis confèrent à Marqueyssac sa douceur.
Il s’agit de buis communs, Buxus sempervirens, adaptés au sol calcaire, d’une grande résistance à la sécheresse mais aussi capables de pousser en sous-bois.
Presque tous les buis y ont été plantés au cours de la deuxième moitié du siècle dernier. Bien que leur croissance soit extrêmement lente, certains d’entre eux, non taillés, dépassent dix mètres de haut, ce qui est exceptionnel !. Seuls 3 000 pieds ont été plantés récemment. Le buis supporte très bien la taille et permet la réalisation de formes végétales complexes : c’est l’art topiaire.
Parce que leur feuillage dense et persistant offre un aspect invariable au cours des saisons.et que le buis reste vert toute l’année cet arbuste est appréciable à tout moment.
Incontournables dans tous les jardins à la française, de Versailles à Villandry en passant par Vaux-le-Vicomte, le buis assure une continuité de paysage tout au long de l’année. On le retrouve donc sous forme de bordures et haies taillées.
Les buis sont devenus les grandes vedettes de l’art topiaire – sculptures végétales de forme le plus souvent géométrique-, car ils se prêtent à toutes les tailles et prennent la forme qui leur est donnée lorsqu’ils sont régulièrement taillés, candélabres, pyramides, dômes, éventails, ou boules parfaites, le buis se prête à toutes les complaisances Dans le dédale de ses allées, il peut même devenir labyrinthe où les enfants adorent se perdre !
Le buis peut aussi être maintenu en bordure de 15 cm de hauteur : ce buis à bordures, Buxus sempervirens ‘Suffruticosus’, est celui là même que nous trouvons au jardin de curé de Seix, une variété naine du buis commun.
Il a été mis à la mode à l’époque classique, même si les dessins des jardins restaient eux inspirés des costumes brodés du Moyen-Age ou de la Renaissance !
– Utilisation médicinale
Apothicaires, bonnes femmes, médecins, pharmaciens ont du feuillage, du bois ou de la racine, tiré moult remèdes et potions …
Le buis, que l’on trouve communément dans tout le bassin méditerranéen, fut réputé « produit miracle » au XVIIIe siècle.
En temps que plante médicinale, le buis est considéré par les uns comme bénéfique, et par les autres …comme un dangereux poison !
La médecine populaire préconisait l’utilisation du buis comme laxatif, sudorifique et cholagogue. Au chapitre des bienfaits, ce serait un remède très efficace contre la grippe. Le buis était censé faire tomber la fièvre aussi conseillait-on, pour faire une bonne décoction : prendre 30g de branche de buis, les râper puis les faire bouillir dans un litre d’eau et ne pas manquer de rajouter au final du sucre ou du miel car le goût en était très amer !
Cet arbuste a également une réputation bénéfique sur le cuir chevelu et les pellicules, grâce à une lotion particulière : 50g de feuilles fraîches hachées jetées dans un litre d’eau froide que l’on fait bouillir pendant 15mn qui, une fois filtrée, peut être utilisée en frictions…
Un extrait médicinal servait, disait-on, à purifier le sang. Feuilles, écorces et graines de buis contiennent des alcaloïdes stéroïdiques. En cas d’ingestion, les troubles possibles sont des vomissements, des vertiges, des tremblements. Au contact du buis, la possibilité de dermites est également avérée.
Il était enfin fortement déconseillé de faire la sieste sous un buis car son odeur caractéristique et entêtante empêchait tout bonnement de dormir.
– Une utilisation originale ! Anciennement, le buis servit comme engrais de vigne
Dans le Progrès agricole daté de 1890 il est question de l’utilisation du buis comme d’un engrais de vigne.
« On nous a fréquemment demandé la composition du buis, que l’on emploie souvent comme engrais dans les vignes. M. Sprecher, chimiste de l’École d’Agriculture de Montpellier, a bien voulu faire pour nos lecteurs une analyse complète de cette plante, que nous reproduisons ci-dessous :
100 grammes de buis frais (feuilles et menues branches) renferment :
Eau : 45.9 %
Matières sèches : 54.1 %
Buis frais | Buis séché à 100° | |
pour 100 | Pour 100 | |
Cendres | 2,8 | 5,3 |
Azote | 0,530 | 0,980 |
Acide Phosphorique | 0,093 | 0,174 |
Potasse | 0,392 | 0,725 |
Comparé au fumier de ferme, le buis frais, tel qu’on l’emploie, est donc aussi riche que le fumier en azote et en potasse, mais beaucoup plus pauvre en acide phosphorique », affirme L. Degrully.
Utilisation artisanale
Avec son bois très dur à grains fins et au poli incomparable, les Grecs et les Romains fabriquaient déjà des tablettes de buis pour écrire. Le buis devient également l’ un des bois privilégiés pour la fabrication des instruments à vent.
Ainsi, au temps de Virgile, Minerve le recommandait pour les flûtes :
“Prima, terebrato per rara foramina buxo,
Ut daret, effeci, tibia longa sonos.”
“La première j’ai, grâce à quelques trous percés dans un buis,
permis à une flûte longue d’émettre des sons. »
Des conseils sont dispensés pour un bon séchage du bois : selon C. Soubeyran,
– Il faut le stocker dans une cave à l’abri de la lumière et debout, surtout pas à plat
– il faut poser de la cire, de la colle ou de la peinture aux extrémités
– Utiliser le calendrier lunaire pour connaitre la date d’abattage
– Laisser le bois dans un endroit humide voire dans un ruisseau
– « Ce bois ne fend pratiquement jamais, mais se déforme facilement. Il doit donc faire l’objet d’un séchage long et méticuleux et doit être huilé pour résister aux variations d’humidité. »
Il s’agit aussi, selon P. Bolton, de travailler le bois par étapes, de le laisser reposer entre chaque étape et de voir comment il évolue, et, s’il persiste à se tordre, de le mettre à la poubelle !
– de le débiter non pas à la scie mais à la hache, de le plonger dans un bain d’huile à chaque grande étape d’ouvraison qui ôte du bois (mise en cylindre, perçage de l’âme etc…)
– de le plonger dans un bain d’huile chaude avec l’exemple suivant : » d’abord trouver un bon buis assez gros puis le faire sécher 5 ans minimum ! puis le scier en évitant les nœuds pour en faire des carrelets.Enfin réaliser un perçage d’ébauche et une immersion dans l’huile de lin chaude pendant 24 heures minimum. Il faut laisser sécher un an » in http://rp-archivesmusiquefacteurs.blogspot.fr/
– de s’éloigner du cœur et de prendre le bois périphérique du tronc.
– de ne pas exploiter les branches mais le tronc et de préférer au bois noueux et tordu un bois aux fibres sans défaut.
Pierre Olivier, largement inspiré de la méthode de Philippe Bolton ajoute cette précision : « Voici la technique pour limiter la déformation du buis : Il faut tout d’abord comprendre ce que sont les tensions internes dans le bois, imaginer des ressorts tendus à l’intérieur mais retenus tendus par la matière environnante. Si on enlève un peu d’un côté, le ressort bouge de l’autre. On entend bien que le bois mis en œuvre est dans le sens du fil, mieux vaut fendre et suivre la fente que de scier »...
On distingue trois sortes de buis : le buis de France, aux teintes pâles, veiné de verdâtre et de blanchâtre et prenant un aspect moiré sous le poli ; le buis du Levant, d’un beau jaune foncé, dur et souvent noueux ; le buis d’Espagne, plus uni et plus tendre. Le buis de France ne produit pas de pièces d’assez grandes dimensions pour les besoins de la gravure, c’est l’Asie Mineure qui fournit les blocs de dimensions nécessaires. On reconnaît la bonne qualité du buis lorsque étant scié en travers, il paraît plein et luisant et non graveleux ou piqueté.
Le buis est le meilleur de tous les bois pour la gravure sur bois.
L’artisanat s’est emparé du buis pour fabriquer notamment des instruments de musique, en particulier des flûtes.
Le buis reste très utilisé pour la sculpture de petits objets précieux : pipes, statuettes, pommeaux de canne, pièces d’échec mais aussi pour la fabrication de jouets tels que toupies ou bilboquets. Les anglais l’appellent « box » car il servait à fabriquer des boîtes destinées à contenir des objets de valeur.
Cette tabatière en buis est le fruit du travail d’un Compagnon charpentier, on y voit l’oeil du delta, l’équerre et le compas et les outils du compagnon. Le pommeau de canne en buis est tout aussi précieux.
Et puis…, se souvient-on encore de la buisse (ou bouisse), formes en bois de buis dont les cordonniers se servaient pour cambrer les semelles ?, ou du lissoir en buis pour polir les talons et le bord des chaussures ? ou de cet autre outil qu’utilisaient les tailleurs pour rabattre les coutures ? De ces peignes de buis ou des œufs de couture à l’aide desquels nos grands-mères tricotaient des chaussettes ?, des canines ou des prémolaires que les étudiants en dentaire fabriquaient à la faculté ou encore des boules de pétanque dont la surface était cloutée jusque dans les années 20 sans parler des chapelets de buis qu’on continue d’égrener à l’église de nos jours ?
A côté des objets précieux existent d’autres objets, du quotidien ceux là !
Pour en savoir plus sur les peignes en buis, allez visiter l’encyclopédie en ligne des petits objets archéologiques :
http://artefacts.mom.fr/fr/result.php?id=PGN-4004&find=PGN&pagenum=1&affmode=vignn
Les maladies des buis
Bien que le buis soit un arbuste rustique, il est menacé.
L’un de ses principaux ennemis est l’humidité durant la période hivernale car le buis est assez sensible aux champignons qui s’installent d’autant plus facilement que sa forme est compacte et donc peu aérée en son centre.
– Les buis souffrent du dépérissement provoqué par le champignon Cylindrocladium buxicola. Ce champignon qui a fait une récente et regrettable apparition en France se développe de plus en plus dans nos jardins. Il se loge durant l’hiver au cœur des feuilles dubuis. Ce sont les plus vieux sujets et les plus compacts qui en souffrent, l’air ayant plus de mal à circuler à l’intérieur de l’arbuste. L’humidité stagnante permet au champignon de proliférer facilement. Les premiers symptômes se remarquent par le brunissement de rameaux entiers en seulement quelques jours. S’ils ne sont pas immédiatement taillés jusqu’à une zone saine, le buis peut dépérir complètement en quelques semaines. L’attaque est subite et rapide.
– Depuis quelques années, on remarque parmi les problèmes les plus récurrents la présence de la pyrale du Buis. La pyrale du buis est un papillon nocturne, un lépidoptère de la famille des Crambidés (Crambidae) attiré par la lumière, que l’on peut voir voler le jour si
on le dérange en secouant le feuillage du buis.
Attaque de la pyrale du buis
En France, depuis son premier signalement en Alsace, le ravageur s’est étendu à de nombreuses régions. Il s’attaque au Buis commun (Buxus sempervirens) très répandu dans le sud de la France mais aussi aux Buxus microphylla et Buxus sinica et au buis persan (Buxus colchique). La chenille de ce papillon ne semble consommer que des feuilles de buis.Il s’agit d’une espèce invasive introduite accidentellement en France vers 2005 et repérée depuis 2008.
Ce ravageur représente une menace pour les pépinières, les parcs, les jardins mais aussi pour les buissons de buis qui poussent de manière spontanée en forêt. Ce ravageur des buis est signalée en Alsace, en Bourgogne, en Ile de France, dans le centre, sur la cote d’Azur, en Poitou Charente, en Rhone Alpes, en Midi-Pyrénées et rien ne semble stopper sa progression sur la France entière…
– La Mouche du Buis ou Cécidomyie est aussi un véritable fléau pour le buis si le problème n’est pas réglé à temps. Ces mouches pondent leurs œufs directement sur le feuillage puis les larves provoquent des boursouflures jaunâtres sous les feuilles. Celles-ci se replient sur elles-mêmes et l’ensemble du buis fini par être touché si l’invasion n’est pas contrôlée. Dès l’apparition de ces symptômes, il faut donc couper toutes les parties atteintes et les brûler immédiatement.
– La Rouille est une maladie un peu moins grave que la Cécidomyie mais peut se propager beaucoup plus rapidement. L’arbuste est rarement tué parla rouille mais son aspect esthétique est fortement atteint. Cette maladie se manifeste par l’apparition de petites tâches brunes surtout sur le jeune feuillage au cours de l’été lorsque les températures sont comprises entre 10°C et 20°C et que l’humidité atmosphérique est élevée. Si rien n’est fait, l’ensemble des pousses de l’année peuvent brunir complètement en fin d’été. La croissance du Buis s’en trouvera donc freinée
Légendes et traditions
Le buis, à cause de sa croissance lente, de sa grande longévité et de la persistance même de ses feuilles est, dès l’origine, un symbole d’immortalité. Dans l’Antiquité le buis était dédié à Hadès, dieu des Enfers et à Cybèle, déesse de la terre et symbole de la fécondité. Pour les Gaulois il est symbole d’éternité.
Les chrétiens font bénir des rameaux de buis le dimanche des rameaux.
Après la messe et la bénédiction de ces rameaux de buis, la tradition chrétienne veut que les fidèles rapportent chez eux les branches de buis béni et en ornent les crucifix de leur maison. L’’évangile selon St Mathieu rapporte en effet que, ce jour là, les disciples coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route (Mathieu 21/8). Ces branches étaient probablement alors des branches d’olivier même s’il est dit, dans l’évangile selon St Jean, que la foule coupait alors des branches de palmier pour acclamer Jésus (Jean 12/13) : c’était une coutume ancienne en Orient , bien avant la chrétienté, d’acclamer un héros en agitant des palmes !
L’usage des palmes existe toujours dans les processions religieuses de pays méridionaux comme l’Espagne et le Portugal mais, dans la plupart des départements français, les palmes ont été remplacées par des rameaux de buis : le buis symbole d’éternité devient aussi symbole de résurrection. Même signification pour les branches de laurier ou d’olivier en Provence par exemple tandis qu’en Angleterre on bénit… le saule marsault et en Hollande … le houx !