Situé au centre du village de Seix qu’il domine depuis des siècles, un château, entouré de ramures, se découpe sur le ciel. Depuis le XVIe siècle, ce château semble veiller sur les maisons regroupées et serrées, situées en contrebas.
Pour accéder au château, il vous faut traverser le pont central, pénétrer au cœur du vieux village en prenant la direction de Sentenac d’Oust.
Sur votre droite, un étroit sentier bordé de fleurs se découvre alors , qui grimpe vers la colline du Pouech où le château culmine.
Quelques marches, un portail à franchir, vous voici maintenant dans la cour d’honneur du château, face au Mirabat avec une vue imprenable sur les toits du village.
Si vous levez les yeux vers le sommet du Mirabat (1272m.), laissant courir votre regard le long des flancs feuillus de la dite montagne, vous pourrez peut-être, par temps clair, apercevoir les ruines d’un tout autre château : celui du Mirabat. Il répond comme en écho au château du village.
Le côté sud-est de cet autre château en ruines reste aujourd’hui encore protégé par un précipice d’une centaine de mètres…
Quant à son passage souterrain, totalement éboulé, il contribue à épaissir un peu plus un mystère qui entoure sa construction et nourrit la légende…
Seix. Ruines du château du Mirabat en hiver, gouache de René Gaston-Lagorre
Ces deux châteaux ont sans nul doute fait partie d’un système de défense propre au village frontalier qu’était Seix : les ruines du château du Mirabat, mais aussi, en amont, celles du château de Lagarde (822m.) ou encore, en aval cette fois, celles du château d’Esplas en témoignent. On regrette d’ailleurs que le château de Lagarde, propriété privée, n’ait jamais été restauré bien qu’ayant gardé un superbe et imposant donjon mais aussi de hautes murailles aujourd’hui rongées par la végétation.
Bien que construit plus tardivement, le mur-clocher de Seix parachève lui aussi le rôle de place forte assigné au village dans le passé car le village de Seix occupa fort longtemps un rôle stratégique d’importance.
Seix, première cité importante à la frontière d’Espagne, sur la route des invasions s’infiltrant par le col de Salau et la haute vallée du Salat, s’est vu accorder au cours du Moyen-âge et par chartes royales le droit d’auto défense avec, en contrepartie, d’importants privilèges. Durant tout le Moyen-âge, la vallée du Salat fut témoin de nombreuses incursions armées : aux invasions sarrasines succédèrent les luttes des seigneurs féodaux contre le pouvoir royal central mais aussi, de nombreuses attaques à mains armées proférées par des brigands qui, cachés dans les bois, s’en prenaient aux pèlerins se rendant de l’autre côté de la frontière au pèlerinage de Saint Jacques, à Compostelle…
Combats et escarmouches se multiplièrent au fil du temps avec les troupes régulières espagnoles mais davantage encore contre les miquelets !
La situation géographique du village explique donc en partie la construction de ces châteaux dont le rôle défensif était essentiel.
Seix, situé à la confluence de quatre vallées, se trouve aussi à la croisée de trois cols transpyrénéens majeurs, les cols d’Aula (2260m), de Salau (2260m.) et du Marterat (2217m.) dont les guerres successives ont hélas démontré l’importance jusqu’à une époque récente.
Le musée consacré aux chemins de la Liberté nous remet en mémoire ce passé récent de la seconde guerre mondiale.
Mais c’est aussi par ces cols transpyrénéens que, transitaient les marchandises d’un pays à l’autre, par ces cols que les colporteurs aux XIXe et XXe siècles ou que les montreurs d’ours passaient puis revenaient d’Espagne …
Bâti à une date indéterminée le château de Seix a peut-être été édifié sur les vestiges d’une plus ancienne fortification médiévale.
Quoiqu’il en soit, situé au cœur du vieux village, il est encore flanqué aujourd’hui de ses deux tours, d’une échauguette*, d’un mur d’enceinte avec meurtrières*-dirigées vers le pont central, dont une à redan*-, et de poternes*.
Successivement propriété des Consuls de Seix, de Pierre de SIREGAND, puis des descendants de la famille de BALBY, originaire d’Italie, il deviendra propriété du médecin-colonel LEGLER en 1947. Ce dernier le réhabilitera car le château était alors en partie détérioré, fragilisé parce qu’occupé par la troupe lors de la seconde guerre mondiale.
De belles proportions, le château de Seix reste l’un des fleurons du patrimoine du Couserans.
On y entre par la tour Ouest qui contient la cage d’escalier, la façade Est jouant le rôle de courtine* et réunissant les deux tourelles au toit d’ardoise au Nord et au Sud.
Par arrêté du 16 mars 1994, ce château est inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques. Il devient cette même année propriété de la Communauté de communes du canton d’Oust qui le restaure.
Depuis août 2005, le château abrite le centre d’interprétation du patrimoine des vallées du Couserans (Patrim) qui propose aux visiteurs expositions et concerts sous l’égide de sa dynamique chargée de mission Pauline CHABOUSSOU.
*échauguette : guérite en pierre à l’angle du château avec rôle de garde et de surveillance
*meurtrière : ouverture, fente verticale pratiquée dans le mur de fortification qui permettait de jeter des projectiles et de tirer sur les assaillants
*redan : ouvrage de fortification composé de deux faces qui forment un angle saillant
*poterne : porte dérobée dans la muraille d’enceinte du château
*courtine : mur rectiligne compris entre deux bastions
et un complément d’information historique à écouter grâce à Jean Joseph PEYRONNE lors d’une émission de Radio Couserans :
JJ Peyronne.MIRABAT ET SON CONTEXTE HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE